Après avoir sués sang et eau sur le chantier ferroviaire de Windy Miller pour n'en tirer au final que de quoi écluser les saloon de la ville, Dan Thomas et Tod Ramsey, deux vétérans confédérés affamés et sans le sou, tracent en direction du Sud, vers le Texas, en quête de jours meilleurs, avec comme seul pitance le cuir de leur selle. Témoin malgré eux du braquage d'une diligence en plein cœur du désert texan par une bande d’empaffés, les deux amis, qui s'imaginent déjà en train de se prélasser à siroter des margaritas sur le proche de leur nouveau ranch que le braquage des braqueurs leur offrira, décident de passer à l'action. Mais le destin en décidera autrement et, à cause d'une malheureuse confusion des autorités texanes avec les vrais pistoleros, séparera provisoirement nos deux amis, l'un passant du mauvais côté de la barrière comme on dit (Danny, avec un nom pareil ça n'étonnera plus personne) et l'autre restant du bon (Tod donc). C'est au charme ravageur de 'Mike' King (Trevor), une pimpante éleveuse de bovins, et au hasard des circonstances (l'un élevant le bétail, l'autre le volant) que reviendront l'honneur de leur réunion...
Texas est une bonne surprise a bien des égards. Déjà parce que le film donne l'occasion de voir deux grands comédiens, qui auront l'occasion de refouler la terre poussiéreuse de l'Ouest à nombreuses reprises, faire leurs premières armes dans un genre qui les consacrera (surtout Ford tout jeunot et un peu moins Holden, tout frais et pas encore bouffi par son addiction à la bouteille) mais surtout parce que son ton comique et parfois burlesque est aux antipodes de ce à quoi on pourrait s'attendre d'un film au casting aussi prestigieux (Ford, Holden et Trevor donc, mais aussi des trognes connues comme George Bancroft et Edgar Buchanan) et estampillé Georges Marshall (sans être un grand metteur en scène, il faisait néanmoins montre d'un talent suffisamment solide pour convaincre John Ford et Henry Hathaway d'en faire leur assistant). Le rythme est enlevé, certaines scènes sont vraiment très drôles, parfois carrément burlesques (rien d'étonnant que le profil de Marshall ait plu à des gars comme Bob Hope, Jerry Lewis et Laurel et Hardy), et l'histoire, sans être novatrice dans un genre déjà bien défiché à l'aube des années 40 (gentils éleveurs contre méchants braconniers + rédemption), est suffisamment solide pour qu'on s'y intéresse. Le battage de Holden fait le reste.
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