Mon esprit naturellement divergent se manifeste de deux manières différentes et complémentaires : un éclectisme à tout-va et un vagabondage sans limites quand il ne se fixe pas. C'est exactement ce qui s'est passé cet après-midi quand je suis allé voir Thanatos, l'ultime passage.


Je me soucie peu de ce qui advient après la mort, qu'égoïstement, sans me soucier de ceux qui m'aiment, j'accepterais plutôt bien, me semble-t-il. Je suis allé voir ce film, aguiché par une ou deux phrases attrapées au vol dans la bande-annonce. Je ne pourrai pas vous dire lesquelles exactement, ce qui en dit long sur l'aspect bravache de ma déclamation précédente. La mort est bel et bien une curiosité de la vie qui ne nous laisse jamais totalement indifférente.


La disparition de ceux que j'apprécie me contrarie énormément surtout si je ne les connais pas personnellement et qu'eux ne me connaissaient pas plus. Gisèle Halimi qui nous quitte subitement, Guy Bedos et Jean Loup Dabadie qui, plus complices que jamais, s'envolent à tire d'ailes. Je passe sur les plus anciens, lâcheurs et déserteurs à la fois ! J'exigeais pour eux l'éternité et ce en quoi ils se réincarneraient m'est totalement indifférent. Quant à leurs aller retour éventuels, entre l'au-delà et l'ici-bas, je m'en fous : ils ne sont plus là et ils me manquent. Chaque fois je fais et refais la triste expérience de « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé...».


Vous allez me dire que je n'ai pas suivi le fil du film, il ne parlait pas de moi et de mes états d'âme. Vous avez raison. J'ai même fermé les yeux par moment , non pas pour m'endormir d'ennui mais parce qu'il n'y avait rien à voir. Seulement à entendre, mais cela ne me paraissait pas important puisque qu'aucune explication médicale fiable n'était donnée aux expériences intimes liées à la mort imminente et aux comas dont on revient. Un jour nous en saurons sans doute davantage, en attendant il n'est sans doute pas inutile de recueillir les témoignages, tous les témoignages. En nous gardant de spéculations ésotériques et en tenant à distance les charlatans qui entrevoient déjà un nouveau filon.


L'être humain a la faculté de la parole qui forge sa pensée et lui donne la force de transcender le réel pour le rendre le plus acceptable possible. Notre mémoire longue nous contraint au deuil et notre pensée en est l'instrument. La vie comme début à tout et la mort, comme étape ultime d'une vie, méritent toute notre attention, elles ont forgé nos mots pour les dire. Nous enlevons la vie ou nous donnons la mort. Nous sommes endeuillés et nous faisons notre deuil. Nous nous donnons la mort ou nous nous prenons la vie. En attendant vivons nos vies avec toute la joie nécessaire et en tordant le cou aux virus qui rôdent.

Freddy-Klein
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le 29 juil. 2020

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Freddy Klein

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