Surenchère et alourdissement de la mise en scène !
(...) on était curieux de voir pourquoi aucun distributeur n’avait envisagé de sortir en France ce qui avait donc été le plus gros succès coréen. Ce film historique aux gros moyens (plus de 18 millions de dollars de budget) recrée un événement réel. Un combat voué à l’échec pour les troupes coréennes. Sorte de David contre Goliath où le patriotisme et l’appel au courage et à l’espoir permet aux hommes de de se dépasser. On comprend facilement l’engouement du peuple coréen devant un tel sujet, cependant pour le public français, qui forcément ne peut avoir la même fibre patriotique, il s’avère bien difficile de s’identifier. Un film comme 300 de Zack Snyder (2006) traitant d’un sujet similaire – la confrontation d’une poignée d’hommes défendant leur terre face à des milliers d’assaillants – parvenait à convaincre par sa dynamique explosive. Ce qui fait défaut dans Roaring Currents.
Dans un premier temps il y a l’attente interminable de la bataille tant attendue. Durant la moitié du film on assiste à la mise en place des deux armées. A la tête le l’armée coréenne il y a l’amiral, homme âgé et malade depuis la trahison du roi, dont on ne comprend pas vraiment le pourquoi du comment. Choi Min-sik, qui avait pourtant marqué les esprits dans la trilogie vengeresse du réalisateur Park Chan-wook (Old Boy, Lady Vengeance et J’ai rencontré le Diable) et qui apparaissait dernièrement chez Luc Besson avec Lucy, interprète l’amiral sans offrir grand chose. Aucune expression ni émotion ne se dégagent de son personnage. Il reste extrêmement passif face aux doutes de ses hommes. Une attitude qui est la même aussi bien avant que pendant la bataille qui ne semble toujours pas arriver.
Après une heure de discussions interminables autour du manque de confiance des soldats envers leur leader, nous voici enfin en mer. C’est le début d’une unique bataille qui s’étendra sur tout le reste du film. On concède un bon travail dans la réalisation de cette dernière mais qui ne parvient pas à maintenir l’intérêt sur la durée. Face au manque de courage de ses hommes qui s’apprêtent à l’abandonner, l’amiral place son navire à un endroit stratégique permettant de déstabiliser la navigation de la flotte ennemie. Sans surprise il dévoile au fur et à mesure son intelligence tactiques et sa maîtrise de l’environnement. Seul contre tous, il n’éprouve aucun remord à voir ses hommes massacrés, en espérant que le courage de ces derniers prendra le dessus. Un personnage impassible qui ne peut susciter la moindre empathie. La surenchère autour de la grandeur de l’amiral Yi concoure à l’alourdissement de la mise en scène, notamment par une série de gros plans fatigants sur les visages des soldats et des villageois qui restent ébahis devant cet homme. Les villageois sont en effet présent, restés sur une île près du champ de bataille pour pouvoir assister aux hostilités. Cela offre plusieurs scènes de confrontations et discussions improbables et ridicules entre ces villageois et les soldats. Le réalisateur Kim Han-min tente de créer quelques liens entre ces personnages secondaires mais faute de les développer davantage il reste difficile de se passionner pour leur avenir (...) PIERRE
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