Tout bon fan de la trilogie originelle de Sam Raimi que je suis, j'ai tout d'abord hurler au scandale la première fois que j'ai vu ce The Amazing Spiderman. Pourquoi ? Parce qu'il ne correspond aucunement à la vision que je m'étais faite du personnage, vision façonnée par Raimi en fait.
J'ai été violemment cruel envers ce film, un Spiderman qui n'avait ni l'odeur ni le goût du Spiderman que j'affectionnais tant depuis mon enfance, ça n'avait strictement aucun intérêt.
Aujourd'hui, je me rends compte de ma connerie, et je me sens un peu con vis-à-vis de ce reboot. Il faut dire, l'idée même d'un reboot est foireux. C'est pour ça que pour ce film, je vais prendre mon temps, revoir son processus de création, ce qui en découle et les conséquences sur ce film.
En 2007, sort le tant attendu Spiderman 3 de Sam Raimi, un film qui a divisé, critiqué pour... je sais pas, mais qui a été source de désaccords entre Raimi et les producteurs rendant le tournage éprouvant. Un projet de quatrième film est lancé, avec pour méchant, Mistério éventuellement incarné par Bruce Campbell. Même si je regrette que cette idée ne soit pas mise en scène, je pense qu'un quatrième film aurait été de trop, tout simplement parce que l'histoire d'amour en Peter et MJ, bah on peut difficilement aller plus loin, toute l'histoire sur les Osborn, ça aussi c'est fini, bref, Spiderman par Raimi c'est... (soupir) fini.
Alors pour garder les droits, Sony lance un reboot dans l'idée de redonner une nouvelle jeunesse à l'Homme Araignée avec une grosse idée en tête : surfer sur la mode du 3D. Sony fait alors appel à Marc Webb (c'est rigolo parce que Webb, toile d'araignée, ta gueule), et je ne dirai pas que c'est un Yes-Man, même si c'en est un peu un.
Je n'ai pas vu (500) Jours Ensemble de Webb, donc je ne saurai décrire son cinéma, mais même si The Amazing Spiderman sent bon le pur blockbuster des studios, on ne pourra définitivement pas dire que c'est un film dénudé d'âme, car Webb a sa patte, son style, et fait de son mieux pour que ça se sente.
Alors oui, le scénario, les effets spéciaux, tout ça c'est tristement plat, un pur produit de divertissement qui ne va pas chercher très loin et c'est sûrement là où le film me déplaît. Car qu'on le dise tout de suite, The Amazing Spiderman est plat. Et en même temps, il souffre pas mal de l'ombre de son prédécesseur, qui est une véritable référence en terme d'écriture. Les Spiderman de Sam Raimi sont de purs films d'auteurs qui transpirent l'âme de Raimi. Et ici, ce n'est même pas Webb au scénario.
J'en viens alors à un autre objectif de ce film, à savoir viser un public plus jeune, avec un ambiance plus cool, un Spidey plus rigolo, blagueur, qui fait du skate-board, bref, un mec de film d’adolescents. Et je suis désolé, mais j'ai vraiment un problème avec ça. Toutes les scènes dans le lycée, sont horriblement clichestes. Le loubard qui humilie les élèves, les pom-pom girls et les joueurs de basket, le surveillant qui recale l'élève, les gens qui s'embrassent dans les couloirs, c'est naze.
Et qui dit lycée, dit aussi histoire d'amour entre étudiants. Et j'ai beau trouvé le couple Peter et Gwen mignon (surtout grâce à l'alchimie entre Andrew Garfield et Emma Stone), on m’enlèvera pas l'idée que les dialogues sont ignobles ! Il y a de ces scènes mais juste épouvantables où les deux savent pas quoi dire et tu reste là à regarder deux gamins bégayer sans faire avancer l'histoire.
Et bam transition vers un nouveau soucis du film, son rythme et sa narration. Le film peine à démarrer ! En fait, le plus grand soucis des Spiderman sous Webb, le voici : c'est qu'il fout plein d'intrigues sans jamais les conclure. Le plus fragrant évidemment, c'est la quête du meurtrier d'Oncle Ben, Spidey passe une dizaine de minutes à le chercher, mais d'un coup, le film bascule sur la romance entre Peter et Gwen et il ne reviendra jamais sur le meurtrier. JAMAIS ! Et... c'est putain de frustrant. De même pour les parents de Peter, je me souviens que le principal argument du film à sa sorti, c'est qu'on allait savoir pourquoi Peter vit chez son oncle et sa tante. Perso, je m'en fichais pas mal, mais le truc, c'est que le film va même pas au bout de ses promesses. Tout comme le meurtrier de Ben, l'intrigue sur les parents est éclipsée et ça rallonge le film pour rien.
Et enfin, un dernier défaut et enfin je dis du bien de ce film, il n'est pas percutant. Ce que je veux dire par-là, c'est qu'à aucun moment, un dialogue, un message ne marque l'esprit. Souvenez-vous de cette réplique légendaire : «un grand pouvoir, implique des grandes responsabilités ». Bam, percutant, ça rentre, le message est clair et utilisé à merveille dans la suite du film de Raimi. Ici, Ben laisse sous-entendre son propos sans jamais le dire haut et fort, ou en tout cas, on ne le remarque pas. Du coup, je vois pas ce Ben comme un homme de valeur, mais comme un tonton qui collectionne les trophées de bowling. Alors ça rend le personnage un peu plus proche, parce qu'on en sait plus sur lui, mais son utilité première, à savoir être celui qui offre ses valeurs à Peter n'est plus et ça, ça manque.
De même pour Tante May, dans la trilogie originale, elle était merveilleusement interprétée par Rosemary Harris et marquait autant qu'Oncle Ben. Car elle avait une personnalité forte, c'était un vrai soutien pour Peter. Ici, elle est effacée par Ben, une fois celui-ci mort, elle apparaît très peu à l'écran, et à part demander de ramener des œufs à la maison, elle fait rien. La preuve, c'est que vous ne la verrez nul part ailleurs que chez elle tout le long du film ! J'ai fait gaffe, Tante May, c'est la gentille dame à la maison qui lave le linge de Peter et qui fait à manger ! MERDE !
ET (oui encore) de même pour le méchant ! Curtis Connors alias le Lézard. Bon déjà, son design est dégueulasse, il est moche et aucunement charismatique. Et surtout, le mec est incompréhensible dans ses motivations et ne sert à rien dans le développement de Peter à part... être plus mature. Au début du film, Connors veut faire pousser son bras, puis en devenant le Lézard, il se dit que ce serait cool de faire muter les hommes pour qu'ils soient plus forts. Et tout à coup, à la fin, ah bah tiens, Spiderman, tu as ruiné mes plans, à cause de toi, je vais sûrement finir mes jours dans une prison, mais attends que je te sauve la vie. Sa relation avec Peter est juste terriblement maladroite et c'est d'une tristesse alors qu'on tenait vraiment quelque chose.
Mais voilà, j'ai fini avec les défauts de ce film. Bon, je pourrai développer davantage, mais il est temps d'être gentil avec lui car il le mérite. Car s'il y a bien une chose qui rend le film un tant soi peu bon, c'est qu'il est dynamique. Qu'est-ce que je veux dire par-là ? C'est que les scènes de balancements de toiles, les combats, les effets spéciaux, tout ça est maîtrisé de bout en bout. Voir Spidey se balancer de toile en toile n'a jamais été aussi jouissif tant la caméra arrive à suivre parfaitement les mouvements de notre héros. Bon, c'était déjà très bien fait chez Raimi, mais ici, on est un cran au dessus.
D'autant plus qu'ici, l'agilité de Peter est réellement mise en avant. Je ne saurai expliquer comment car il faut le voir, mais tout est d'une fluidité assez surprenante qui rend les scènes d'actions particulièrement cool.
Qui plus est, le tout est accompagné par un BO certes discrète, mais dont le thème principal par James Horner est vraiment génial rendant les scènes encore plus héroïques (sauf la scène des grues, même la musique ne sauve pas le ridicule).
Puis il y a Gwen Stacy. Bon, j'ai plus un penchant pour Kirsten Dunst (peut-être parce que j'ai toujours été moins attiré par les blondes), mais Emma Stone en Gwen est clairement un personnage plus intéressant. Tout simplement parce qu'elle agit dans l'histoire. Dans la saga de Raimi, MJ est le trouble principal de Peter, bon certes, leur histoire d'amour est merveilleuse. Mais dans The Amazing Spiderman, le fait de voir Gwen braver tout les dangers pour aider un tant soi peu son amoureux, ça a son effet. Elle utilise carrément un lance-flamme contre le Lézard, ça c'est classe (et dire que j'ai toujours cru que les blondes étaient des cruches).
Et enfin, les acteurs sont bons et c'est pour moi la plus grande qualité du film. Andrew Garfield est remarquablement bon dans le Spidey qu'il incarne. Oui, ce n'est pas le Spidey que j'aime, j'ai toujours préféré un Spidey plus humain et moins cool (parce que je m'identifie plus), mais dans ce qu'il fait, Garfield est excellent ! Emma Stone aussi est excellente, Martin Sheen n'en parlons pas, et même Deanis Leary en Capitaine Stacy joue super bien le mec lourdingue et imbuvable, mais avec des bonnes valeurs et prêt à tout pour protéger sa fille.
Enfin bref, même si ce film a d'innombrables défauts qui des fois me donnent envie de m'arracher les cheveux (bon sang ces clipshow de l'enfer), bah ce film, j'l'aime bien. Il n'est pas sensationnel, loin de là, mais je passe toujours un moment sympathique avec ce Spidey blagueur. En soi, l'objectif du film est atteint, à savoir divertir, et ça, il le fait très bien !