Une brillante mise en scène des mécanismes financiers ayant mené au crash boursier des subprimes

Oui, une mise en scène brillante mais reposant, il faut en être prévenu, sur une analyse critique hyper trapue de certains mécanismes financiers et boursiers de ce début du 21ème siècle. D'ailleurs, le caractère trapu du film commence dès son titre : "The Big Short".
Shorter une valeur, c'est parier contre cette valeur, ce titre boursier (action ou obligation), parier que ce titre est actuellement surcoté et qu'il va baisser dans les prochains jours, prochaines semaines, prochains mois. Le mécanisme boursier du "short" (autrement dit de vente à découvert, c'est à dire de vente d'un titre qu'on ne possède pas encore en portefeuille) n'est pas facile à comprendre pour le néophyte (en plus d'être délicat à manier et possiblement très dangereux, parce qu'on peut y perdre ce qu'on n'a pas, s'endetter à vie, finir en prison, voire être acculé au suicide).
Le film nous raconte comment certains financiers (gestionnaires de hedge funds ou fonds d'investissement spéculatif) très attentifs à la situation des marchés boursiers américains ont réalisé, vers 2006-2007, que certains produits financiers dérivés (créés par les grandes banques qui les commercialisaient ensuite auprès de leurs bancarisés et clients) étaient principalement composés de crédits hypothécaires à risque, pour ne pas dire extrêmement toxiques. Ils ont donc parié contre ces titres en les shortant. Cela a fini par provoquer une panique boursière sur lesdits produits financiers dérivés et finalement ce qu'on a appelé la crise des subprimes (années 2007 et 2008) aux conséquences gravissimes et multiples (dont la faillite de certaines grandes banques, notamment Lehman Brothers). Quant aux financiers shorters, ils ont pu, puisque plus personne sur le marché boursier ne voulait de ces titres toxiques, racheter leurs ventes à découvert initiales très en dessous du prix auquel ils les avaient vendus à découvert (complétant ainsi le mécanisme du short), la différence entre le prix de la vente à découvert initiale et le prix du rachat étant pour leurs poches et représentant leurs gains (mais attention, et là je m'adresse aux boursicoteurs néophytes qui voudraient eux aussi utiliser la technique du short, tant que vous n'avez pas racheté le titre, il y a des primes conséquentes à payer mensuellement sur votre vente à découvert, et c'est en ça qu'un short est dangereux à pratiquer).
Ai-je été clair ? En tout cas, c'est grosso-modo, ce que raconte le film. Brillamment mis en scène, il reste quand même assez technique, donc peut-être trapu à suivre, mais pour quelqu'un qui y arrive à peu près, il est passionnant, haletant, mordant, etc. Les interprètes sont tous bons ou même excellents, notamment Steve Carell (déjà remarquable dans "Foxcatcher") et Christian Bale. Bref, pour moi, "The Big Short" est plus qu'une palpitante leçon de finance, c'est un des 10 meilleurs films de l'année 2015.