La curiosité m'a envahit en voyant passer ce film sur notre bon (non) Netflix. Il faut quand même le chercher, il n'est pas assez mis en avant...
Du Nollywood d'actions à gros budget ? Allez pourquoi pas lui laisser une chance.
Le scénario tiens en quelques lignes, on est sur un film quelque peu classique. Si d'aucuns le comparent volontiers à une sorte de John Wick pour son côté "revenge movie d'un ancien vilains", il m'a plus fait penser une un Taken. Mais le fait que l'acteur principal, Richard Mofe-Damijo (qui incarne Paul), soit sexagénaire y est pour beaucoup. Arrêtons là tout de suite la comparaison, les chorégraphies martiales ne sont pas du même acabit que celle qui mettent en scène Keanu Reeves, mais j'espère que Nollywood en face de même un jour. A noté quand même que Richard Mofe-Damijo s'est entraîné au judo pour les scènes d'actions. Comme je disais, c'est un bon début. Prochaine étape, rajouter 2 ou 3 autres arts martiaux !
Si je suis quelque peu critique du scénario, ce dernier à le mérite de montrer de bout en bout ce qu'est le Nigéria contemporain et les défis face auxquels il est confronté. La critique de la corruption à haut niveau que ce soit politique ou médiatique, les violences policières, l'injustice et même quelque scènes qui mettent sur un pied d'estal des femmes, que ce soit les journalistes, ou la gérante qui se fait nommer "Big Daddy" et qui est clairement celle qui permet de clore le scénario. Du féminisme à la nigérienne ?
Le réalisateur Editi Effiong a réalisé un film basé sur son expériences de vie, sur ses traumatismes liés à son pays. Comme il l'évoque en interview sur le site ebony.com, l'histoire de son pays n'est pas enseigné et avant 1999, le pays était sous dictature militaire.
L'un des petits plaisir personnel a été le fait qu'on retrouve au moins 3 langues dans ce film. Si l'anglais est la langue principalement utilisée, on retrouve aussi du Yoruba et du Hausa.
Ok ok, on est loin des 500 langues parlées dans le pays, mais ça reste un début assez immersif et appréciable pour un étranger polyglotte comme je le suis.
Pour finir sur des aspects disons plus techniques, le film est jonché de plans très agréables. Le directeur de la photographie s'est vraiment fait plaisir à plusieurs reprises, avec des jeux d'ombres et de lumière appréciables. L'un des plans de fin au bord de la piscine, avec les personnages filmés de dos notamment.
Enfin bref :
- oui le film souffre de longueurs
- oui le scénario est bête et méchant
- mais oui il met la barre très haut pour les autres films de Nollywood
- mais oui c'est une petite révolution cinématographique pour ce pays
- mais oui l'histoire résonne in fine avec de nombreux pays
- mais oui un film engagé et critique nigérian vaut 1 000 films de droite français
D'où le 7/20
(il manque une petite critique du néo-colonialisme et j'aurais mis 8)