Lame damnée .
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le 24 juil. 2013
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Pas de préambule ici, j'attaque direct par ce qui me rend complètement fou quand je vois ce film.
Quand Tsui Hark veut déstructurer le genre Wu xia avec The blade je crois qu'il faut réellement le prendre au pied de la lettre tant il en devient le thème central de l'univers qu'il nous dépeint ici.
La déstructure/le déséquilibre (et l'équilibre, j'y reviendrai après) sont aussi bien présents d'un point de vu narratif que visuel :
Tsui Hark met en scène un univers hors du temps complètement pourri où la question de noblesse et de bravoure n'a rien à y foutre, les guerriers qui le peuple sont de gros barbares qui sont retombés dans un espèce d'état primaire où la violence est reine, on piège un pauvre chien avec un monstrueux piège à mâchoire qui pourrait tuer un ours, on se venge en torturant et en exposant fièrement les restes de dépouille d'un pauvre malheureux qui voulait juste porter secours à une femme qui allait se faire violer...
En parallèle à ça une forge où une jeune fille nous parle de champ de l'emprise, d'une histoire d'amour fantasmée qui n'arrivera jamais, de forgerons unis par la testostérone qui dégouline de leur corps musculeux, la bonne humeur est présente au début, la violence y est souvenir lors d'une cérémonie, 20 ans de paix attendent ces valeureux forgerons qui sont prêt à se soulever pour rétablir l'ordre à l’extérieur.
Curieusement cette forge est source des maux présents à l'extérieur puisque c'est ici que sont fabriqués tous les sabres que l'on peut apercevoir, leurs utilisations ne les concerne pas, ne les regarde pas.
On arrive à ce champ de l'emprise dont on entend parler depuis le début et qui va survenir dès que les deux personnages principaux franchiront la porte de la fabrique.
-Tête d'acier va être contaminé peu à peu par ce champ déstabilisant, une entrée dans le monde des guerriers qui va peu à peu le faire revenir à un état sauvage où l'amour d'une femme justifie le viol de celle-ci, un gentil très gentil ? pas si simple.
-On en vient à Ding On qui a lui seul bouleverse l'image du Wu Xia, loin d'être un héro, s’apparentant plus à un être martyrisant qui ne vit que pour venger son père...? ça parait simple et con con ?
Il représente ce lien étroit entre l'instabilité du monde dans lequel il évolue et sa propre stabilité qui se fera dans le chaos et la souffrance.
La première fois que j'ai vu le film je rapprochais la lisibilité crescendo des affrontements à la maîtrise sans cesse croissante de Ding On et j'ai un tout autre avis maintenant.
Il y a une certaine stabilité dans les affrontements lorsque Ding On se rapproche de son propre champ de l'emprise lorsque lui aussi abandonne son humanité (on s'en aperçois lors du combat contre les bandits à cheval, dès qu'il se remémore ce qu'ils lui ont fait subir, les affrontements gagnent en stabilité) pour se rapprocher de son désir le plus profond (atteindre son ennemi juré). J'en viens à ce qui caractérise les Wu Xia précédents de Tsui hark et auxquels il va définitivement couper le lien : La corde.
La corde qui habituellement relie les personnages au ciel pour les faire se mouvoir en tout légèreté dans les airs, manipuler l'espace à leur guise et dégainer leur sabre comme personne. Ici la corde (relié à l'arbre certes mais vous voyez où je veux en venir) qui doit servir à Ding On pour se stabiliser suite à son amputation va être coupé par celui-ci, il n'en a plus besoin pour évoluer.
Se lien se renouera plus tard mais d'une façon un peu moins poétique, corde invisible qui relie les combattant au ciel, ici la corde se transforme en chaîne métallique et reliera Ding On...à sa propre arme, une sorte de substitue en métal servant à faire le mal autour de soit... pour arriver à un affrontement final qui est sans doute le plus stable de tout le film, si c'est pas un destin tragique je sais ce que c'est...
Alors oui nos deux héros sont gentils mais c'est quand même bien plus nuancé que ça...
Pour finir avec ce déséquilibre on pourrait même parler du formidable travail sur les costumes qui sont tout en asymétrie...
Juste un dernier mot sur les combats : éprouvants, d'une puissance et d'une violence hallucinante, la caméra n'est pas chaotique, c'est tout ce qui est à l'écran qui l'est, la caméra se contente de libérer cette force à l'écran et de nous l'éclater à la gueule, à l'image de cette scène Haine matérialisé
Ça passe surtout, en plus de mouvements de caméra surréaliste, à un travail sur le son... Le fameux roulé-boulé lors de l'affrontement dans les bambous alors d'accord on se souvient tous de ce putain de mouvement de caméra mais on en parle de ce son sorti tout droit d'outre tombe?!! on dirait qu'une masse de 10 tonnes écrases les deux combattants et quand à côté tu as des personnages qui hurlent de rage mais le pied quoi...
Le montage hyper cut ? faut pas déconner on est pas chez Tony Liu Jun-Guk et son Lady Assassin, juste deux vidéos pour comparer :
Lady Assassin ça c'est du montage à complètement t’énucléer les yeux (mais c'est bon aussi! )
Ça c'est un montage dynamique mais où les plans sont quand même normalement long !
Le pire c'est que Tsui Hark s'autorise des choses qui pourraient être complètement ringardes ailleurs, des fondus enchaînés (dans ce flashback de fou furieux qui démarre par un plan complètement statique, suivi de de monstrueux gros zoom, s'en suit des fondus avec gros plans sur des visages complètements vénère, des coups de sabres dont chaque frappe résonne d'une scène à l'autre pour finir sur ce plan statique qui s'achève comme si les combattants étaient sur pause et finissaient leurs mouvements ) , des plans qui se répètent, où un gros plan sur une hache qui met 10 plombes à traverser du bambou mais qui rend le coup tellement furieux Et encore ces gros plans faciaux qui accompagnent le geste... , chaque scène fourmille d'idées de mises en scènes plus dingues les unes que les autres...
Bref The Blade c'est de la grosse tuerie et pis la fin est quand même vachement émouvante quand on se doute du destin des deux personnages.
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Créée
le 7 août 2019
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