The Bling Ring par Leaf

Pour son cinquième film, Sofia Coppola explore encore une fois l’adolescence, celle de pauvres petites filles riches, en proie au spleen et avides de nouvelles expériences. Une adolescence dont elle ne cesse de dresser le portrait depuis Virgin Suicides. Ses héroïnes sont des jeunes filles désenchantées, vivant dans des prisons dorées dont elles cherchent désespérément à s’évader. Cet affranchissement, la réalisatrice l’a parfaitement réussi en traçant sa propre route cinématographique.

Si, jusqu’à présent, on pouvait retrouver une empreinte autobiographique dans ses films, il semble qu’avec The Bling Ring, Sofia Coppola ait pris un peu plus de distance en s’appropriant un fait divers, où un gang d’ados des quartiers chics de Beverly Hills cambriole des maisons de stars. C’est d’ailleurs cette absence de référence personnelle qui fait sans doute défaut. Si la réalisatrice porte tout de même un regard affectueux sur ces jeunes filles en quête de célébrité, elle se révèle néanmoins un peu plus critique avec une tonalité qui laisse moins de place à la contemplation

Car Sofia Coppola a toujours su capter parfaitement ces silences qui en disent long, cette atmosphère baignée de soleil californien qui met de la poudre aux yeux à toutes ces adolescentes. Bien que la cinéaste ne change pas radicalement de style, on note une évolution. Les plans étirés et lancinants qui lui étaient si caractéristiques se font plus rares. Par nature, The Bling Ring apparaît donc plus rythmé. Mais au milieu de cette profusion d’articles de mode, une certaine répétition du propos se fait ressentir.

La profondeur des personnages est ici plus difficile à percevoir que dans ses films précédents. C’est lorsque Sofia Coppola s’attarde sur les parents des adolescentes que l’image superficielle se fissure et laisse apparaître une plus grande complexité. La réalisatrice évite de justesse un film purement stylisé. Et montre que, contrairement à ce que certains ont pu penser, son cinéma est plus qu’un effet de mode. Elle révèle notamment Emma Watson, véritablement étonnante lorsqu’elle interprète Nicki, jeune fille manipulatrice et ambitieuse. Si The Bling Ring n’est pas le film le plus réussi de la réalisatrice, il n’en demeure pas moins le portrait de l’adolescence d’aujourd’hui, pour qui l’image fait loi.