Uppercut de charme
Quelle belle gifle vient de m'asséner Takashi ishii avec ce thriller érotique que n'aurait pas renié le De palma de Pulsions ou Body Double. La comparaison entre les deux auteurs peut paraître...
Par
le 22 mars 2014
7 j'aime
5
Quelle belle gifle vient de m'asséner Takashi ishii avec ce thriller érotique que n'aurait pas renié le De palma de Pulsions ou Body Double. La comparaison entre les deux auteurs peut paraître cavalière, mais ils se partagent un sens évident de l'image dont ils usent et abusent pour mettre en valeur les corps des sublimes créatures qu'ils font transpirer par leurs éclairages. Dans The brutal hopelessness of love, c'est la plantureuse Mai Kitajima qui est sommée de se livrer sans retenue dans un rôle délicat que la belle s'approprie avec une aisance qui laisse pantois.
C'est sous l'inspiration sans borne de son réalisateur qu'elle développe un personnage de femme meurtrie, thématique chère à Ishii qui en faisait déjà état dans le pétrifiant Freeze me. La femme, dans son cinéma, est malmenée par une entité masculine pas franchement reluisante. Mais elle n'est jamais résignée, au contraire, et fait de son corps une arme fatale pour rétablir l'équilibre d'une balance rarement en sa faveur. Dans The brutal hopelessness of love, le schéma est respecté, Mai Kitajima se perd complètement, s'abandonne jusqu'à un point de non retour meurtrier qui lui fera perdre toute raison, seule réponse qu'elle a trouvée pour faire face à l'indifférence de son mari.
Ces moments de perdition mis en image avec la fougue créative de Takashi Ishii donnent lieu à une poésie visuelle à tomber, faite de lumières colorées et de prises de vue inspirées. Difficile de trouver érotisme plus maîtrisé. Par la force de ses images, le cinéaste rythme son film d'une tension sexuelle enivrante, faite de jeux de soumissions qui jamais ne deviennent racoleurs. Cette subtilité visuelle permet aux séquences les plus rudes de ne pas sombrer dans un voyeurisme gratuit qui leur ôterait tout intérêt. Non, dans le film de Ishii, l'érotisme sert avant tout un propos solide.
C'est dans un script tortueux cultivant les fausses apparences que The brutal hopeless of love développe son intrigue. Takashi Ishii nous entraîne dans les méandres d'une mise en abîme à différents niveaux sans jamais nous y perdre. Sa narration n'est que partiellement évasive, il n'est d'ailleurs pas question d'énigme. Toutes les clés du mystère entourant l'héroïne sont dévoilées au compte goutte jusqu'à un final noir ébène de fort caractère. Un dénouement que l'on voit venir, mais qu'importe puisqu'il est d'une forte puissance métaphorique et dans la parfaite logique d'écriture du film dans sa globalité.
Avec The Brutal Hopelessness of love, Takashi Ishii livre un thriller complexe qui prouve que la folie visuelle et l'érotisme sont complémentaires, lorsque les deux sont servis par une écriture soignée et une mise en scène maîtrisée. Et même si cette jolie pépite n'est pas dénuée de défauts, elle a de quoi marquer les esprits par sa belle singularité qui allie sans complexe poésie, fièvre des corps et sous texte social dont la puissance met K.O.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes L'ours, Homo Video, en 2014 et Coups de coeur post 2000 / Asie
Créée
le 22 mars 2014
Critique lue 1K fois
7 j'aime
5 commentaires
D'autres avis sur The Brutal Hopelessness of Love
Quelle belle gifle vient de m'asséner Takashi ishii avec ce thriller érotique que n'aurait pas renié le De palma de Pulsions ou Body Double. La comparaison entre les deux auteurs peut paraître...
Par
le 22 mars 2014
7 j'aime
5
Du même critique
J’avais pourtant envie de la caresser dans le sens du poil cette mule prometteuse, dernier destrier en date du blondinet virtuose de la gâchette qui a su, au fil de sa carrière, prouver qu’il était...
Par
le 26 janv. 2019
83 j'aime
4
Tour à tour hypnotique et laborieux, Under the skin est un film qui exige de son spectateur un abandon total, un laisser-aller à l’expérience qui implique de ne pas perdre son temps à chercher...
Par
le 7 déc. 2014
74 j'aime
17
Exploiter l’adversité que réserve dame nature aux intrépides aventuriers pensant amadouer le sol de contrées qui leur sont inhospitalières, pour construire l’attachement réciproque qui se construit...
Par
le 14 déc. 2014
58 j'aime
8