Fuck Le Patriarcat

Crucible of Horror ou The Corpse est un thriller d'épouvante britannique du début des années 70. Le film est réalisé par Viktor Ritelis dont ce sera la seule contribution au grand écran au milieu d'une carrière consacrée entièrement à la télévision. Le film se rapproche pour beaucoup de choses d'un grand classique du cinéma français mais en révéler le titre reviendrait forcément à révéler une bonne partie de l'intrigue de celui ci, je vous laisse donc à vos supputations.

Le résumé de sens Critique semblant être celui de Crucible of Terror (un tout autre film) sorti la même année je m'en vais rectifier un peu les choses. L'histoire de Crucible of Horror est celle de deux femmes, une épouse et sa fille, qui ne supportent plus l'emprise patriarcale, dominatrice et autoritaire du chef de famille. Elles décident donc d'avoir recours au plus radicale des remèdes en supprimant l'homme indélicat et en maquillant le tout en suicide, mais forcément tout ne va pas se passer comme prévu.

Crucible of Horror est un film qui s'appuie sur une tension bien plus psychologique et diffuse que sur une épouvante spectaculaire et démonstrative. La domination de ce chef de famille est telle qu'il n'a plus guère besoin de démonstration de force pour asseoir son emprise sur une femme soumise jusqu'à l’effacement et une fille dont les rares tentatives de rébellion se corrigent à l'occasion par de bons coups de cravache. Quant au fiston il semble sagement suivre les pas de son cher paternel en méprisant sa sœur tout autant que sa mère et en vénérant son cher pôpa. Ce qui compte le plus dans Crucible of Horror n'est pas tant l’exécution du macabre plan qui s'avère aussi tordu qu'inutilement complexe que ce qui suivra avec la longue et mystérieuse attente de la découverte du corps et finalement sa disparition. Le film de Viktor Ritelis orchestre alors un solide suspens pour savoir à cause de qui et comment les deux femmes se retrouvent prises à leur propre piège. Le film avance alors tout droit devant jusqu'à un final absolument glaçant et un constat des plus amer sur l'illusoire émancipation du patriarcat.

Le film est servi par un formidable casting avec dans le rôle du patriarche l'excellent Michael Gough qui livre une très belle prestation en monstre froid et autoritaire. Son fiston dans le film est tout simplement interprété par son propre fils Simon Gough dans un rôle un peu plus en retrait mais tout aussi inquiétant dans l'hérédité de la connerie. La fille de la famille est interprétée par Sharon Gurney qui pour la petite histoire épousera Simon Gough après le tournage, la comédienne est parfaite dans ses tiraillements entre ses aspirations rebelles et libertaires et sa soumission à l'ordre et la morale infligée par son père. Quant à la mère de famille tellement brimée qu'elle n'est plus qu'un fantôme errant au sein de cette famille elle est interprétée avec beaucoup de fragilité par Yvonne Mitchell dont la carrière remonte au début des années 50 et dont ce sera l'un des derniers films. Avec son histoire aussi solide que son casting Viktor Vitalis n'a pas besoin de faire d'étincelles dans sa mise en scène pour maintenir l'attention et c'est tant mieux car lorsque le réalisateur s'égare lors de séquences oniriques et psychédéliques c'est loin d'être pour le meilleur. Le scenario aussi souffre de quelques trous narratifs comme lorsque certaines actions des personnages n'auront aucunes continuité dans le récit , je pense plus particulièrement à la séquence qui nous montre Jane (La fille de la famille) mettre ce que l'on imagine être du poison ou un produit chimique dans une bonbonne de parfum alors que finalement ça n’aboutira à rien dans l'histoire. Pas sûr non plus que le récit résiste aux analyses des esprits les plus cartésiens et critiques.

Crucible of Terror est un bon petit thriller avec un suspens bien construit , un formidable casting et surtout un final assez effrayant pour dissiper les quelques réserves potentielles.