Après avoir traumatisé le box office avec son deuxième opus, puis prouvé au monde entier qu'il n'avait pas besoin d'une franchise établie pour faire un succès colossal, Nolan est sacré nouveau Roi d'Hollywood. Aussi décide-t'il de faire ce qu'aucun cinéaste n'avait osé, de mémoire d'homme ( comprenez : depuis 1989 ) : un troisième Batman !
L'attente est insoutenable pour les fans, la crainte de la malediction du numéro-trois-de-trop ( Robocop, X-Men, Spider-Man... ) est terrible. Mais au bout de 2H40 de projection, il faut se rendre à l'évidence : le film se hisse largement au niveau des autres ! Quel bonheur...
Seul Hic, on est obligé de se rendre compte que ça n'était pas un niveau si exigeant.
Tout comme Inception ne pouvait décemment pas rivaliser avec Paprika, DreamScape et les Freddy, ses Dark BatMan n'avaient pas pour autre but que d'être des films-de-l'été sympa, et que tout ce qu'on a pu en dire de brillant ( relectures sociales, mythes du héros, du symbole, etc... ) n'étaient que filigranes lointains.
Je suis très heureux que ces filigranes existent, surtout dans des blockbusters de cette trempe, mais je me pose la question : est-ce bien sérieux d'adopter la posture des vrais grands films du 7e art ( durée exponentielle, moyens considérables juste pour filmer une scène de dialogue, etc... ) quand on n'en a pas l'étoffe ?
Parce que des vices de fabrication, il y en a à foison : la nuit qui tombe d'un coup sur Gotham alors que la journée a commencé il y a moins d'un quart d'heure ( La poursuite à moto d'après l'ouverture de la bourse ), les dialogues redondants, les effets d'annonce pathétiques ( Alfred qui parle de ses fantasmes Italiens à Bruce au début, non mais sans déconner...? ) la structure du récit absolument sans surprise ( Encore l'ombre de Robocop 3 ? ), les habitants de Gotham décrits comme des pantins sans âme...
Lisez les critiques de ceux qui n'aiment pas le film, ils se feront un plaisir d'énumérer les défauts évidents.
Néanmoins, en dépit de tous ces grincements de dents, le film s'avère plutôt plaisant. Les 2H40 de projection passent toutes seules, les morceaux de bravoure sont à nouveau légion, et même Anne Hathaway sur laquelle je ne misais pas un Rouble s'en sort bien. Gordon a toujours la classe. Le méchant Bane me fait oublier le Joker, mais il s'avère n'être qu'un outil au service de l'authentique méchant du film.
Et c'est lui qui pose problème. Car la légende qui plane autour de Bane tout le long du film contient deux éléments inconciliables : Il serait né dans cette prison, puis échappé quand il était enfant... Mais il aurait aussi subit une terrible ablation de Dieu sait quoi sur sa tête, pour qu'on lui mette un masque. Il y a forcément un de ces deux éléments qui ne concernent pas le Bane qu'on connait... Et devinez lequel ? Ça se voit comme le nez au milieu de la figure ! ( Non, Bane, je disais pas ça pour toi... )
Du coup, comme il ne reste plus beaucoup de personnages à éliminer comme méchant potentiel, le twist final est un peu débile. Et puis je trouve que la bombe à retardement est inutile. C'est overkill. Une bombe à interrupteur suffisait : j'en viens à me demander pourquoi les méchants voulaient tous mourir à Gotham, au point de presser ledit interrupteur dix pauvres minutes avant que la bombe n'explose de toutes façons !
C'est peut-être au détour de cet aspect que Nolan nous souligne l'excès de prise-de-têtes que les fans ont connu avec les précédents. Ses BatMan ne sont bel et bien que des divertissements grandiloquents, sertis de discours sous-jacents ( ici les saloperies mégalomanes faites au nom du peuple... ) mais quand même aussi cons que n'importe lequel de ses congénères... Et généreux.