Quatre ans après un Dark Knight qui a redoré le blason des adaptations de comics, Nolan revient avec un ultime (jusqu'au prochain) épisode de la saga. Dès le départ, Nolan a pris une série de risques : exit le Joker, il opte pour Bane, méchant certes balèze mais fichtrement en-dessous des précédents adversaires intellectuels de Batman ; Anne Hathaway prête alors ses traits (je dirais plutôt ses formes ici) à Catwoman, malgré les angoisses de toute personne ayant vu son jeu monolithique ; enfin, Nolan se tire une balle dans le pied en annonçant qu'il veut clôturer la série de manière tragique - et quand on sait qu'à Hollywood, on ne meurt que quand on ne rapporte plus de fric, on sent déjà les paradoxes scénaristiques se ramener. Verdict ? Eh bien Nolan surprend à la fois dans l'écriture de Bane, qui devient un méchant avec plus d'épaisseur que ses muscles, et dans la direction de Hathaway qui devient une Catwoman séduisante et plus que convaincante.

En ce qui concerne le scénario, en revanche, on repassera : outre des raccourcis d'une facilité déconcertante et des lacunes rendant la narration presque illogique (la gestion du temps de la bombe est nulle), les frères Nolan semblent se perdre dans un minimum syndical décevant, n'exploitant en rien la résurrection du héros et se perdant dans des blablas interminables et souvent inutiles. Et que dire de ces incessants rappels de Batman Begins ! Et si Nolan était clair sur les idéaux politiques (anti-Bush) de Dark Knight, ceux de Dark Knight Rises restent plus flous, son regard étant à la fois actuel (le spectre de la crise financière et de l'échec du capitalisme) et conservateur (la révolution prolétarienne, comprendre le communisme, c'est le Mal).

Dark Knight Rises semble en réalité souffrir d'un manque d'audace : est-ce dû à la frilosité des studios ? Ce dernier opus ne prend aucun risque formel ou narratif, et s'éloigne même du sel de Dark Knight : l'ambiance presque film noir, la narration volontairement lente et peu spectaculaire, l'humour noir fréquent et la véritable expression d'un auteur au profit d'un divertissement décérébré. DKR n'a rien de tout cela, et s'apparente davantage à un objet cinématographique certes de très bonne facture mais impersonnel. Bien dommage pour son casting globalement séduisant, si on excepte cette brave Marion Cotillard qui vient de signer son arrêt de mort hollywoodien.

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le 16 sept. 2012

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