En quelques lignes :
Six femmes partent faire de la spéléologie dans les Appalaches. À la suite d’un éboulement, elles se retrouvent bloquées dans un système de grottes non-cartographié. Elles découvrent qu’elles ne sont pas seules…
En un peu plus :
La faune locale des grottes explorées dans The Descent ne fait pas exactement rêver. Pas de machins qui brillent dans la nuit, d’axolotl tout mim’s ou d’extraordinaires organismes résilients qu’il s’agirait de ramener à la surface pour faire avancer la science, mais des crawlers dont on dira simplement pour l’heure qu’ils font honneur à leur sobriquet en collant les miquettes à n’importe quel individu, aussi rompu soit-il aux films d’horreur peuplés de bestioles cracra. Non, dans The Descent, ça rampe et ça rôde, ça se faufile et ça grimpe, ça bave un peu parce que quand même, ça cliquète pour percer le silence, ça bouffe tout ce qui semble pourvu de nutriments, sans distinction. Et la terreur est toute là, dans ce ça qui s’impose forcément lorsqu’il s’agit de dire l’effroi, dans ce démonstratif neutre où se cristallisent tous les fantasmes, et surtout les pires, quand ce ne sont pas les pulsions, comme dirait l’autre qui décidément n’est jamais très loin lorsqu’il s’agit de sonder les profondeurs.
Afin de vérifier le potentiel effrayant de ses créatures – mais l’on se demande encore aujourd’hui si cela était vraiment nécessaire – le réalisateur Neil Marshall a pratiqué l’interro surprise. Durant le tournage, il aurait en effet dissimulé à son actrice Natalie Mendoza le design des créatures qu’elle devait rencontrer, afin d’obtenir d’elle une réaction plus naturelle. Le résultat aurait dépassé ses attentes de psychologue comportementaliste douteux (ou sadique), puisque l’actrice aurait eu si peur qu’elle se serait mise à hurler, et ne serait jamais parvenue à se défaire d’un sentiment de malaise latent jusqu’à la fin du tournage. Au-delà de l’anecdote, ce procédé de mise en confrontation directe de son actrice avec les monstres de son film trahit les motivations profondes du cinéaste : fouiller dans les peurs primaires, instaurer une logique du choc frontal, susciter des réactions viscérales.
Si les crawlers de The Descent occupent certainement une place de choix parmi les monstres les plus effrayants du cinéma d’horreur contemporain, cela n’est pas uniquement dû à leur physique aux curieux attraits ou à leur comportement moyennement bonhomme, mais aussi, et peut-être surtout, au décor dans lequel elles évoluent. À l’instar du Nostromo d’Alien ou de la maison de Norman Bates dans Psycho, les grottes de The Descent sont un personnage à part entière déployant un espace anxiogène où la lumière se fait aussi rare qu’effrayante, puisque subrepticement révélatrice, où les boyaux étreignent, étouffent, dévorent autant et peut-être plus que les sales bêtes qui s’y faufilent, où les parois suintent comme des peaux, où l’air manque et le noir se répand comme une coulée de sang. Dans ce contexte, c’est l’espace même qui se fait menace, générant une peur claustrophobique qui semble ne plus tant devoir à des monstres qu’à une matière et à une topographie.
En ce sens, The Descent est un film d’horreur sans concept, qui puise dans la matérialité pure du monde, du son et des images, dans un « locus horribilis » et ce qu’il vient chercher en nous d’effrois ancestraux, pour susciter une peur des plus basiques, au sens noble (et terrifiant) du terme, une peur qui se transmet moins par la tête que par le corps.
Et quoi de mieux qu’une salle obscure pour en prendre la mesure ?
Et en quelques images...
Lien vers le trailer alternatif.