The double, c'est l'histoire d'un homme ordinaire, Simon James, qui rencontre son double, James Simon, tous deux incarné par Jesse Eisenberg. Les deux hommes ont le même physique, le même visage et la même voix mais ils sont opposés en caractère. Simon James est timide, discret et réservé là où James Simon est charismatique, enjôleur et entrepreneur.
En soi, le pitch de départ, bien qu'un peu banalisé par les grandes œuvres de ces dernières années (Fight Club, Black Swan, etc.) n'est pas si mal. mais en pratique, le film a quand même de gros points négatifs. Développons .
Tout d'abord, la totale incohérence du script est accablante. Comme je l'ai dit, les deux personnages sont, de par leur physique, identiques en tout point, sauf qu'au début, tout le monde sait les différencier sans problème. Ça va même plus loin : personne ne remarque qu'ils ont exactement la même tête. Soit, c'est un parti pris qui est d'autant plus déstabilisant pour le spectateur. Le problème c'est qu'à certains moments du film les deux personnages parviennent à échanger leurs rôles sans que personne ne s'en rende compte (lors du test de James ou lors du rendez-vous galant avec la jeune femme). Et ça, ça ne va pas ! Même dans la logique d'un film appartenant à l'étrange (comme celui-ci), c'est complètement illogique ! En plus, cela crée un questionnement dans la tête du spectateur, ce qui le fait immédiatement sortir du film.
Ensuite, je dirais qu'il est parfois difficile de différencier les personnages. Je m'explique. C'est bien joli de vouloir leur coller la même tronche et le même costume pour bien montrer qu'il sont identiques mais le problème, c'est qu'à certains moments du film, on arrive même plus à les distinguer. Etant donné qu'ils ont des caractères opposés, le fait que ce soit l'un ou l'autre qui parle fait une grande différence. À mon sens, ceci est autant une erreur d'Eisenberg que d'Ayoade. Le premier aurait dû plus marquer la différence dans son jeu d'acteur et le second aurait dû s'arranger pour qu'ils aient un signe distinctif : des costumes de couleurs différentes, des lunettes ou que sais-je ! N'empêche qu'encore une fois, cela crée un questionnement dans la tête du spectateur et encore une fois, ça le fait sortir du film.
De plus, certains moments sont creux et cassent un peu le rythme du film. Je comprends qu'il faille "placer le décor" mais certaines scènes sont longues et auraient pu être condensées. Le film étant déjà lent à la base, ça en deviendrait pénible. Cependant, je pense, contrairement à certains autres, que le rythme lent n'est pas forcément un point négatif. Certes, ça donne l'impression qu'il ne se passe rien dans le film, mais ça alourdi aussi l'ambiance lui donnant un côté ordinaire et morbide qu'Ayoade recherchait justement. C'est juste un parti pris (et il est sûr que ça dénote avec Divergente et autres Hunger Games, dans lesquels le rythme bat son plein dès le début).
Après, tout n'est pas que points négatifs. Je trouve par exemple que les plans sont très bien choisis, ils sont différents de ce qu'on trouve d'habitude et ont le pouvoir de nous plonger dans cet univers étrange, terrifiant, glauque et ordinaire dans lequel baigne le film. Univers renforcé par les couleurs et le jeu de lumière, avec un filtre sépia qui s'ancre bien dans le décor rétro-futuriste. La bande originale, composée par Andrew Hewitt est pas mal et est également en accord avec le climat du film.
Je pense également que nombre des critiques qu'on fait a ce film sont assez mal justifiées. Certains, par exemple, l'accablent en disant que c'est juste une copie du roman Le double de Fiodor Dostoïevski. Évidemment que c'est la même histoire : c’en est l'adaptation cinématographique !
Pour conclure, je dirais que ce film n'est pas à la hauteur. Il comporte de nombreux points négatifs qui font que je ne le recommanderais absolument pas. Cependant, il faut accorder à Ayoade, que l'univers de son film est bien équilibré, à la limite entre le réel et le paranormal, baignant dans un climat d'étrange et déstabilisant à souhait !