Voir le film

J'ai peut-être été un peu dure dans ma notation mais, si j'ai aimé le film, je suis sortie de la salle avec une sensation de manque.

J'ai bien saisi qu'il n'y a pas de message ou de propos autre que de raconter la découverte de la passion du cinéma par son personnage principal, alter ego évident de Steven Spielberg lui-même, mais ça manque de cohésion. Ce n'est pas un film sur le cinéma, pas tout à fait en cas.

Je n'appellerai pas ça non plus un biopic. Le personnage ne s'appelle pas Steven Spielberg et, s'il s'est inspiré de certains épisodes de sa vie, il a construit une fiction autour.

C'est un joli film émouvant comme sait les faire Steven mais il manque quelque chose, un souffle. Je ne me suis pas enthousiasmée pour la passion de cet enfant jusqu'au bout, ni pour ses drames.

Au début, oui. La découverte du cinéma avec "Sous le plus grand chapiteau du monde", grand spectacle s'il en est, et la reconstitution de l'accident de train par le petite garçon émerveillé.

C'est drôle, c'est frais, c'est engageant. Et c'est clairement ce qu'aime faire S Speilberg : du grand spectacle, bien fait et il n'y a rien d'étonnant à ce qu'un film de Cecil B DeMille soit son coup de foudre.

Mais les sauts dans le temps suivants ne laissent pas le spectateur entrer dans la tête de Sam. On le voit aller au cinéma, voir des classiques qui l'inspirent, on le voit préparer ses films amateurs qui n'ont pas à rougir. La découverte de la technique, de la puissance de la musique, de la direction d'acteur, tout cela passe trop vite et ne laisse que peu d'impact. Mais Steven ne nous a pas promis une histoire sur le cinéma ou même son cinéma, même si son langage et ses influences sont clairement répertoriées ici.

Et soudain, le drame dans le jardin d'Eden coupe tout net son élan. La découverte par l'adolescent de la vie secrète de sa mère, d'une liaison platonique (pas sûr) via l'oeil de sa caméra lui en apprend les risques. Ce secret de polichinelle totalement évident dès la première apparition dudit amant, ami très intime la famille, vient gâcher la vie de Sam et sa relation avec sa mère, jusque là si fusionnelle.

Le film est aussi sur la famille, il s'intitule "The Fabelmans" tout de même. Mais le reste de la famille est inexistant en dehors de Sam et de cette mère évaporée et à l'ouest (j'avoue avoir peu d'affection pour ce personnage). Le père quant à lui est quasi inexistant et c'est aussi un des thèmes fétiches de Steven : l'incompréhension entre père et fils, la famille mono-parentale, le divorce : thèmes qu'il a bien mieux traités dans d'autres films.

Sam décide donc de ne plus faire de films parce que sa mère n'aime pas son père. Pourquoi pas mais son retour derrière la caméra est un peu flou.

Après un passage au lycée digne de "Grease" et autres teenage-movies très basiques, un traitement de l'antisémitisme rampant de l'époque très superficiel (et Steven n'est jamais superficiel, c'est donc très étonnant), Sam reprend la caméra pour faire un film de fin d'année à la plage. Pourquoi? C'est le moment? Il a une petite amie? Je ne sais pas. La vengeance sur ses tortionnaires est minime et la scène d'introspection détone dans le teenage-movie ambiant.

Un nouveau saut nous amène à ses années de jeune homme pour un segment trop court à mon sens mais le film est déjà bien assez long.

Et mon problème (si problème il y a) c'est que le film saute beaucoup d'une situation à l'autre sans vraiment les lier correctement. Il y a tous les points pour dessiner mais pas les traits.

J'ai aussi eu un problème avec l'omniprésence de la mère. Certes, une mère est importante pour son fils et celle-ci est également une artiste qui le comprend contrairement à son père qui est un génie cartésien. Et je trouve que Steven est injuste avec le père et trop compréhensif avec la mère (mais c'est aussi son histoire en filigrane alors sa vision est un peu trouble).

Et le film se centre autour de sa vie à elle finalement, elle est le personnage principal : ses envies, sa vie, sa liaison, son égocentrisme aussi.

J'ai ressentie son mal-être à elle mais pas la besoin et la passion de Sam. Steven n'a pas fait un film sur la passion du cinéma mais plutôt sur l'erreur que l'on peut faire en choisissant une vie qui ne nous convient pas. Et dans ce cas là, le film est tout aussi incomplet.

Néanmoins c'est un joli film, il m'a juste manqué un sujet plus central. La dernière scène est charmante et même le côté meta du dernier mouvement de caméra m'a ravie mais il me manque quelque chose.

Et d'habitude, que ce soit dans ces merveilles ou dans ses faux-pas, il ne manque jamais rien.

Créée

le 13 mars 2023

Critique lue 24 fois

2 j'aime

Anilegna

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