Fan à Tics Fan En Toc

The Fanatic exploite la relation trouble qui existe parfois entre la star et le fan, la frontière fine et poreuse entre l'espace public et la sphère privée et le rapport parfois trouble entre fiction et réalité. Sur cette thématique qui est loin d'être nouvelle mais qui reste intéressante on pouvait espérer que le film de Fred Durst exploite intelligemment et radicalement son univers ce qui est malheureusement très loin d'être le cas.

Dans The Fanatic nous allons donc suivre Moose un type souffrant de troubles psychologiques qui vit à Los Angeles de petites performances artistiques sur Hollywood Boulevard. Véritable fan de cinéma d'horreur Moose voue aussi un culte à la star de films d'action Hunter Dunbar auquel il souhaite faire signer un précieux accessoire d'un de ses films. Plusieurs fois éconduit par la star, Moose décide de s'obstiner jusqu'à s'introduire chez lui afin d'obtenir ce qu'il souhaite.

Le premier gros soucis du film vient pour moi du personnage de Moose interprété par John Travolta pour lequel on a du mal à éprouver la moindre sympathie et dont on ne parvient jamais à cerner les vrais motivations. J'ai la sensation que l'on a fait du personnage une sorte d'autiste pour pouvoir tout à la fois justifier de ses actes assez stupides tout en attirant la clémence magnanime du jury. John Travolta semble s'être inspiré de son propre fils autiste décédé en 2009 pour son rôle de Moose annihilant un peu par compassion les critiques les plus acerbes que l'on pourrait faire sur le personnage.et pourtant j'ai personnellement vraiment détesté ce personnage qui m'horripile bien plus qu'il ne me fera pitié durant le film. Selon votre attachement au personnage de Moose vous pourrez dire qu'il est autiste, attardé, légèrement débile ou complétement con mais le personnage est tellement surchargé de ridicule dans son look et ses attitudes et tellement mal caractérisé humainement que je le trouve globalement assez insupportable. La seule séquence pouvant expliciter un peu le personnage est un flashback durant lequel on le voit enfant livré à lui même devant une télévision qui diffuse La Nuit des Morts Vivants pendant que sa mère batifole à l'arrière plan avec un inconnu (??) Franchement c'est quoi le message ? Ne laissez pas vos enfants devant des films d'horreur ? Si le film prenait un minimum le temps de construire le personnage de Moose, de nous expliquer pourquoi il s'est à ce point plonger dans un univers fait de fictions et de culte pour certaines stars, mais rien du tout et le film nous jette à la figure une sorte de pantin un peu grotesque en nous disant surtout aime le il n'a pas toute sa tête. Mais bon, quand on voit la caractérisation à la truelle de la star interprété par Devon Sawa on comprend que la finesse d'écriture n'est pas vraiment la force du film de Fred Durst.

Et bien sûr comme The Fanatic parle de cinoche le film est truffé de grosses références bien grasses au cinéma que l'on cite n'importe comment pourvu qu'on les cite. Si Moose est visiblement un immense fan de cinéma d'horreur il traque pourtant une superstar de film d'actions, le film mélange aussi des tonnes de références au cinéma existant tout en inventant un univers parallèle de stars et de films complétement fictifs et imaginaires ce qui donne une sensation assez étrange de gros gloubiboulga . Avec un peu plus de cohérence tu mets Robert Englund en star traquée et ton film il devient peut être pas meilleur comme par magie mais au moins il tient un peu plus debout. Alors ce brave Moose est fan de films d'horreur du coup il va te dire que le remake de Maniac c'est de la merde et citer de vive voix Freddy, Jamie Lee Curtis, Saw ou La Nuit des Morts Vivants qui se retrouve cité trois fois au cas ou tu n'aurai pas compris la subtil référence. Sauf que ce brave Moose qui nous donne des leçons de culture horrifique il a un poster du pitoyable Texas Chainsaw 3D de John Luessenhop dans son appartement ce qui réduit déjà pour moi à néant la crédibilité de l'entreprise. Si tu fais un film sur un fan de musique rock tu lui colle pas des posters des Kids United sur les murs de sa chambre, ben là c'est pareil (ou presque).

Au final je ne sais même pas trop ce que le film raconte, sur quel registre il doit se lire et dans quel genre il mérite d'être classé. Le film n'est ni drôle, ni dramatique, il n-y a pas plus de suspens que d'action et l'on suit toute cette histoire poussive sans jamais se sentir un minimum impliqué jusqu'à ce final un peu mou et consensuel qui semble dire que c'est pas bien d'embêter les stars et que c'est pas bien non plus de mépriser les fans.