6 ans après la sortie du film mitigé Green Lantern, le réalisateur Martin Campbell nous propose un film d’action percutant et très particulier en se basant sur l’histoire du roman The Chinaman écrit par Stephen Leather, écrivain assez bien réputé dans la littérature britannique. Le réalisateur avait besoin d’un bon support pour prouver qu’il est capable de surprendre son public, comme il l’a toujours fait avec deux excellents James Bond comme Goldeneye et Casino Royale. Son Green Lantern a reçu impitoyablement une avalanche de critiques impardonnables et un bilan box-office inacceptable, bien assez pour mettre fin à la carrière d'un réalisateur malgré ses précédents succès.
Du coup, le metteur en scène est revenu sur ce qu'il a toujours maîtrisé le mieux, de l’action sévère dans un contexte énigmatique. Et on peut dire qu’il a bien choisi son sujet, le long-métrage nous expose adroitement à la menace d’une organisation terroriste qui sème la pagaille et la confusion dans la ville londonienne mais pas que, derrière cette organisation terroriste se cache des malotrus malintentionnés et de la corruption inquiétante.
Le réalisateur déroule son scénario d'une manière très habille, chaque scène est bien conçue pour raconter une enquête policière dans les règles cinématographiques appliquées dans ce genre de film, dans l'optique de garder un certain suspense interrogateur et à maintenir une tension discrète et sensible. La mise en scène est intelligemment bien construite, Martin Campbell crée un atmosphère constamment sombre, triste et se mariant à merveille aux couleurs ternes de la nature irlandaise. C’est une ambiance qui nous indique scrupuleusement qu’on nous cache des choses et qu’on sait bien les cacher.
Malgré le sujet basique du film, le réalisateur a une maîtrise parfaite de son scénario, on peut le féliciter pour le travail salutaire accompli sur beaucoup d’éléments mais pour moi, son plus grand aboutissement, c’est la direction de Jackie Chan dans le rôle principal. Je ne reviens toujours qu'il soit toujours là pour pratiquer le kung-fu dans des films d’action comme celui-ci. Il n’a pas la forme d’un jeune acteur, il est blessé à vie, il a pourtant déclaré qu’il ne veut plus tourner des films mouvementés et pourtant, on le revoit encore à distribuer des coups de poing et des coups de pied, comme s’il n’avait pas encore tout donné après une très longue carrière d’acteur.
Si Jackie Chan a choisi d’incarner le rôle d’un malheureux et endeuillé propriétaire d’un restaurant asiatique en quête de vengeance, ce n’est pas un hasard. De nombreux choix lui ont été proposé et il a choisi celui-ci car il en avait tout simplement assez des rôles d’inspecteur de police ou de maître d’arts martiaux. Je dois dire qu’il m’a impressionné. Malgré ses 63 balais, il a toujours la pêche d’animer des scènes de combat à main nue, il est profondément émouvant et il joue carrément les Rambo pour chercher des noises à un politicien hautement bien placé. Son face-à-face avec Pierce Brosnan est techniquement bien filmé, la détermination poussée de Jackie et l’arrogance intransigeante de Pierce nous conduisent à un combat moral confus et fureteur, ces deux derniers ont chacun ses raisons de croire à telles choses mais on ne sait pas qui a raison, pas au début du film en tout cas.
La vengeance peut faire perdre la tête à n’importe qui et l’autorité laisse la possibilité à n’importe qui de faire croire telles choses à ses concitoyens, sans forcément dire la vérité. Le réalisateur met l’accent sur cet aspect des choses, il sait façonner son long-métrage en se basant uniquement sur ce point, dans le but de sortir une fin assez nouvelle et choquante. Je dirais que c’est assez prodigieux de la part du réalisateur, d’autant que toute l’équipe technique et le reste du casting apportent très bien leur contribution à ce long-métrage dur, bourré de scènes de combat bien chorégraphiées et alimenté par un climat musical accentuant à merveille le côté mystère du scénario. Un très bon retour de la part du réalisateur et également celui de Jackie Chan, dont on se demande bien quand il va prendre définitivement sa retraite. 7/10
- L’IRA et ses politiques et le terrorisme sont différents que d’un seul serpent... Peu importe par où vous l’attrapez ça restera un serpent, d’accord ?
- Eh bien il y a une très grande différence dans ce choix parce que l’une d’entre-elles vous mordra !