Ce film est un des premiers longs-métrages à avoir été produit dans le cadre de la No Wave, mouvement artistique new yorkais à la fin des années 70, par l'un de ses fleurons Amos Poe. Directement le ton est donné avec cette scène d'ouverture ou l'image est granuleuse au possible, en noir et blanc saturé. On sait que les moyens de production étaient riquiqui pour Amos Poe à l'époque, il a probablement filmé avec une pellicule de récupération et du matériel de location ! L'histoire est impossible à pitcher, on ne sait pas qui est le personnage principal, ni ce qu'il vient faire à Manhattan et encore moins pourquoi il est surveillé par diverses personnes ? Il s'agit d'une errance anxieuse dans tout Manhattan jusqu'à une longue fuite vers on ne sait où durant les dix, quinze dernières minutes. On peut clairement faire une correspondance temporelle avec le cinéma que David Lynch avait déjà mis en place en ce temps-là avec Eraserhead et plusieurs courts-métrages, c'est un monde étrange, inexplicable dans lequel on plonge les personnages et les spectateurs. Cependant là ou le style de Lynch devient vite fascinant, ici celui de Poe est parfois barbant, sans suffisamment d'enjeu car il y a au final plusieurs scènes ou l'attention peut se perdre. Visuellement comme dit plus haut, l'image est grossière avec des sauts, des brûlures de cigarette et des raccords brouillons mais je dirais que cela apporte au cachet particulier du film, cela fait partie intégrante de l'ADN du cinéma N