Le film le plus désespérément triste et cruel de Sono Sion. Après une période cinématographique que j'ai pour ma part suivie d'un oeil distrait, pas convaincu, Sono Sion semble lorgner vers le rétroviseur avec cette sorte de pot-pourri de nombreux de ses films.
Je retrouve ici ce qui m'avait profondément ému en même temps qu'enthousiasmé dans son cinéma si singulier et poétique.
On suit l'histoire de Murata, homme charismatique qui manipule les gens afin de les escroquer. En parallèle, de jeunes paumé.e.s se retrouvent à faire un film, qui va peu à peu se transformer en un road trip vers l'enfer.
Je n'en dirai pas plus sur l'histoire. Notons simplement que la référence la plus explicite est Cold Fish, réalisé par le même Sono Sion il y a quelques années. Et tout comme ce dernier, ainsi que d'autres films (Guilty of romance, Love Exposure, Strange Circus etc.), la structure dramatique est implacable (et toujours aussi littéraire), et me laisse pour la première fois comme une sorte de nausée (abondante). Ce n'est pas à prendre de manière péjorative. L'émotion que j'ai ressentie est si puissante que j'ai la boule au ventre rien que de repenser à cette expérience cinématographique jusqu’au-boutiste, hors normes. C'était l'une des marques de fabrique du réal', on la retrouve donc ici sous une forme chimiquement pure.
Je ne sais trop quoi dire de plus, encore sonné par ce film, que je ne saurais ranger ou dans la catégorie chef d'oeuvre, ou dans la catégorie CAT III poétique (je rigole, mais bon...).
Pour celleux qui "ont" netflix et le coeur bien accroché, foncez le voir. J'ai le sentiment qu'il s'appréciera (et se comprendra, quelque part), d'autant mieux si on a vu ses précédents films. Cependant, ça peut rester une "bonne" entrée en matière dans son oeuvre. Attention, ce n'est pas un "feel good movie" : la poésie ressemble furieusement à une jolie charogne.