The FP est à l'image de sa bande originale qui se rit de la vague techno rétro 8bits dance dance de ta mère mais parvient à passer malgré tout parce qu'elle le fait sérieusement, en proposant de la merde mais de la merde bien faite qui met dans l'ambiance et se révèle in fine de meilleure qualité que la totalité de la vague technoshit trance en question, merci à George Holdcroft pour ça. Le film, c'est pareil, est un nanar volontaire, genre toujours très casse-gueule, très ardu à faire passer, mais fait très sérieusement, en total premier degré, la seule façon que ça passe.
The FP est donc globalement fauché et misérable à l'image d'un Turbo Kid, ou d'un Kung Fury plus verni niveau budget lui, avec qui il partage ses origines de court-métrage qui firent un carton sur YT avant d'être un long, mais ne cherche pas simplement l'action débile et le gore cheap comme ses cousins mais plutôt la parodie assumée de tout un pan de deux générations de la culture pop, soit le mélange improbable entre le nanar post-apo et le jeu Dance Dance Revolution, ce qui est déjà à la base une idée des plus tordue. Volontairement mauvais donc, mais fait le plus sérieusement du monde avec un casting qui joue au premier degré des répliques les plus nazes possibles, il va jusqu'à être drôle parce que les loulous savent bien jusqu'où c'est naze et en profitent à chaque recoin les plus enfouis avec des effets poseurs à outrance et un phrasé wesh cool rigolo.
Et ce n'est pas donné à tout le monde d'être pleinement conscient du niveau de nazitude très élevé à atteindre pour délivrer un nanar volontaire honnête. On n'échappe pas aux subterfuges du budget fauché qui consiste à intégrer une revanche basique sur la mort tragique d'un frère (qui s'écroule sur son tapis de danse mouahah) et la sempiternelle love story du héros pour boucher les blancs et il faut bien avouer que l'ensemble reste très cheap et parfois un peu mou du genou mais il n'en reste pas moins quelques beaux extérieurs et des passages dynamiques et très fendards, en particulier les duels de Beat Beat Revelation attendus avec impatience pourtant eux aussi misérables au point qu'il n'y ait même pas vraiment de logique entre ce qui se passe à l'écran et le mouvement de leurs pieds.
Mais quand on fait un nanar volontaire, on le fait jusqu'au bout et les frères Trost l'ont bien compris. Ils tentent non pas de capitaliser sur la drôlerie de leur concept mais juste de réaliser correctement et de tenir un bon rythme de découpage ce qui est beaucoup plus efficace pour faire passer la pilule.
La distribution y fait pour beaucoup car derrière ses répliques nazes et ce jeu volontairement naze, Jason Trost, le sosie XL borgne d'Emilio Estevez, et ses compères jouent à fond leurs rôles respectifs comme s'ils vivaient vraiment dans ce monde post-apo débilisant, le contrôle des quartiers se faisant réellement à coups de victoires au jeu musical. Mentions spéciales pour Jason qui parvient à ne pas délivrer un simple héros en mousse sans consistance mais aussi un émotif fragile sous ses airs de colosse mutique, L Dubba E joué par un Lee Valmassy qui pète le feu du gros con à crête de service (mémorable) et à moindre mesure pour la courte présence de Triple Decka 1K joué par un Dov Tiefenbach lui aussi bien allumé en faux Russe maigrelet et sa bande de trouducs mode jeunes clochards fashion. (caméo coloré de Clifton Collins Jr. aussi)
Bref, ça ne vaut objectivement pas grand chose mais pour un nanar volontaire, ça se tient presque donc +1, et nul doute que the FP est déjà un film culte pour toute une frange dérangée de la population.
Il va être temps de passer par la case New Kids Turbo.