Il faut bien s'y faire, on vit désormais dans une époque où même un truc aussi lamentable que "The Gallows" peut connaître une suite...
Sorti en 2013, ce film d'épouvante de Chris Lofing & Travis Cluff (oui, ils étaient deux pour pondre ça en plus) partait pourtant d'un argument amusant : une pièce de théâtre maudite suite à un accident mortel en 1993 et rejouée donc vingt ans plus tard dans le même lycée (sic) où, bien sûr, une bande d'élèves subissait la vengeance d'un bourreau fantôme.
Bon, on vous l'accorde, dit comme ça, c'est dur à avaler mais, si vous êtes amateurs du genre, vous savez au fond de vous qu'il y avait moyen de tirer un truc distrayant d'une telle idée. Sauf qu'effet de mode oblige, Chris Lofing & Travis Cluff avaient choisi d'utiliser le procédé du found footage pour raconter cette histoire et ils allaient faire de "The Gallows" un des pires représentants des longs-métrages réalisés de cette manière, de ceux qui servent sur un plateau d'argent les arguments aux détracteurs de cette méthode de filmer.
Pendant la première et interminable moitié du film, à part suivre une bande d'adolescents insupportables (mention spéciale au meilleur ami perché sur l'Olympe de la débilité) et une porte de casier qui s'ouvrait toute seule, "The Gallows" brassait du vide jusqu'à ressembler à une mare bien vaseuse de néant où les personnages semblaient prendre un malin plaisir à y patauger en bougeant leurs caméras dans tous les sens. Et, quand, enfin, les choses se mettaient à évoluer avec quelques exécutions, le film prenait la forme d'une affreuse tambouille composée à 70% de plans sur des pieds, des décors vides ou des héros en train de pleurer et de hurler. Bref, on n'en pouvait plus, d'autant plus que le bourreau meurtrier faisait cruellement sa diva en se montrant le moins possible à la caméra. Les dix dernières minutes confirmaient bien que tout ceci avait un petit potentiel en tissant des liens entre passé et présent pour occasionner une révélation finale et une séquence réussie sur scène mais, comme dans tout mauvais found footage, cette seule trouvaille était expédiée en moins de dix minutes sans qu'une mythologie assez solide soit mise en place pour que l'on y croit réellement...
Hélas, comme ce bidule avait coûté 100 000 dollars (ce qui est déjà énorme !) et en avait rapporté 43 millions au box-office mondial (on n'a pas les mots...), voilà qu'un "The Gallows Act II" pointe le bout de son nez six ans plus tard et, comble du comble, avec toujours le même duo infernal à l'écriture et à la réalisation ! Avouons-le d'emblée, c'est notre curiosité malsaine qui nous a poussé à découvrir s'ils avaient trouvé le moyen de faire pire...


Eh bien, bonne nouvelle, aussi étonnant que cela puisse paraître, "The Gallows Act II" est tout de même meilleur que son prédécesseur... toutefois, car il y en a une mauvaise qui va de pair, il est en réalité simplement un peu moins pire sur quelques points.
Déjà, fait ô combien majeur, cette suite n'est pas en mode found footage mais réalisée de manière "conventionnelle", c'est à dire comme un film lambda avec des plans travaillés ici par ses deux réalisateurs, cela représente déjà un ouf de soulagement en soi, d'autant plus que, visuellement, les metteurs en scène se révèlent plus convaincants que sur le précédent (bon, cela reste très classique mais c'est déjà bien plus plaisant à suivre). Ensuite, pour éviter la redite du premier, le film a la bonne idée d'élargir l'univers de son tueur en faisant de sa pièce le déclencheur de ses apparitions. Ainsi, au lieu que l'action se déroule à nouveau dans le lycée de sa mort (en même temps, si on y avait rejoué sa pièce une troisième fois, ça tenait du suicide collectif !), le spectre bourreau va pouvoir harceler et attaquer de nouvelles victimes juste parce qu'elles ont eu le malheur de feuilleter le texte maudit, cette évolution lui adjoint à son rôle de fantôme colérique celui de boogeyman de slasher fantastique et ce n'est pas plus mal pour lui offrir de la chair fraîche à pendre.


Après avoir montré qu'il était tout content de ce nouveau statut dans le prologue, notre aficionado des cordes va se focaliser sur Auna, une jeune lycéene se rêvant actrice depuis sa plus tendre enfance mais qui, pour patienter, tente d'acquérir de la notoriété en tant que Youtubeuse. Un beau jour, elle découvre via une vidéo envoyée par un fan anonyme que le "Charlie Challenge" (des gugusses se filmant en train de lire la fameuse pièce pour provoquer la venue du fantôme assassin) est un phénomène faisant exploser les compteurs de vues sur Internet. Ni une, ni deux, elle décide de se procurer un exemplaire de "The Gallows" pour en lire face caméra et devenir célèbre. Pendant un temps, l'influence de l'écrit va se révéler bizarrement supra-bénéfique pour la petite Auna : ses vidéos ont beau montrer des phénomènes paranormaux de plus en plus louches, la jeune fille s'en fiche, elle cartonne enfin sur YouTube ! En plus, à chaque fois qu'elle interprète la pièce à son cours d'art dramatique, elle impressionne son professeur et ses camarades. Et, encore mieux, elle entame une relation amoureuse avec le garçon idéal à ses yeux. Bref, tout roule pour elle mais, comme on l'a dit, seulement pendant un temps car ce que le bourreau donne, il le re-pend (standing-ovation)...


Bizarrement, cette première partie un brin longuette sur l'ascension d'Auna grâce à l'influence de la pièce va être la moins désagréable de l'ensemble. Non pas qu'on y adhère de la plus folle des façons -à ce stade, "The Gallows Act II" est l'équivalent d'un petit film teen-horrifique comme en voit à la pelle- mais elle réussit à faire le job grâce à son héroïne plutôt attachante (interprétée par la mimi Ema Horvath, une sorte d'Hilary Swank en modèle réduit) et des développements qui exploitent de manière un minimum divertissante les conséquences de la pièce maudite. Rien de fou pour autant mais on commence à se dire que cette suite est bien partie pour surpasser la terrible médiocrité de son modèle au moins sur ces quelques plans.


Malheureusement, lorsque "The Gallows Act II" entre dans sa seconde moitié (à peu près quand Auna se retrouve avec deux enclumes sous les yeux), patatras, la chute de l'héroïne vers un danger de plus en plus imminent fait également se vautrer le film qui ne va avoir de cesse de se disperser pour, au final, ne pas raconter grand chose. En effet, entre l'audition d'Auna, sa relation avec sa sœur, celle avec son petit ami, son admirateur étrange sur YouTube, une histoire de sacrifice, un élément du premier film inutile et les apparitions du bourreau répétitives pour pas grand chose (les trois-quarts sont des hallucinations qui ne débouchent sur rien), "The Gallows Act II" se perd complètement entre ces différentes pistes en ne sachant jamais laquelle privilégier, il en résulte encore une fois une grosse tambouille horrifique (mais pas de la même nature que le précédent opus cela dit) où tout paraît être traité au même niveau sans que rien de pertinent ou même d'un tant soit peu passionnant s'en dégage. Comme un aveu d'impuissance, le film n'aura plus d'autre choix que de se conclure sur une révélation finale qui aura le mérite de surprendre, non pas par son intelligence, mais plutôt à la fois par l'énormité et la stupidité des contours du rebondissement-choc qu'elle veut provoquer. On nous aura décidement pris pour des jambons jusqu'au bout...


Grâce à quelques remises en question de cet univers et la première partie vaguement potable qui en découlait, on a presque failli croire que cet "Act II" avait les capacités d'être meilleur que son prédécesseur. Alors, certes, il l'est au final -on ne peut décemment pas faire pire que le premier film- mais sur une échelle des bas-fonds de la nullité. Il est temps qu'on referme définitivement le rideau sur la pièce de ce pauvre bourreau avant qu'il décide de se pendre lui-même devant le spectacle affligeant offert par ses films.

RedArrow
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le 26 oct. 2019

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