Bien entendu, comme l’indique le titre, le film traite d’une équipe de débatteurs mais il est, on s’en doute, bien plus profond que cela.
Forest Whitaker joue un académicien brillant à tous les niveaux dont le fils de 14 ans, interprété par Denzel Whitaker (aucun lien de parenté), n’est autre qu’un petit génie nommé James Farmer Jr. qui deviendra 7 ans plus tard le fondateur de C.O.R.E. (pour Congress On Racial Equality) entamant ainsi le début de la fin de l’ère de la segregation ainsi que des lois Jim Crow si vicieuses qu’elles rendaient la vie des Noirs dans le Sud des USA tout aussi éprouvante que celles des Juifs dans l’Allemagne du IIIe Reich avant la 2e Guerre Mondiale.
Le film nous emmène donc dans une petite université noire du Texas, Wiley College, où travaille le poète et agitateur politique Melvin Tolson à qui Denzel Washington prête ses traits. Tolson sait que si l’opportunité leur est donnée quelques-uns de ses étudiants pourraient former une équipe de débatteurs capable de défier n’importe quelle autre université américaine et il mettra toute en oeuvre pour le prouver.
Saisissant les thématiques de l’époque, Denzel Washington parvient à capter l’essence du future Civil Rights Movement qui souhaitait avant tout que Blancs comme Noirs aient les mêmes opportunités, le même traitement.
Bien que parfois un peu lent dans sa mise en scène, le film est habilement réalisé et reflète avec succès les efforts accomplis par les Afro-Américains pour parvenir à leurs objectifs malgré la malveillance de la nation à leur égard qui dure depuis que le premier esclave a posé un pied sur le sol du continent. Sans pour autant verser dans l’ultra-politique, le film nous démontre l’importance de cette lutte et l’ampleur pharaonique de la tâche qui se présente à la population afro-américaine, à savoir convaincre par les mots la population blanche de leur donner les mêmes droits.
S’il s’arrange légèrement avec les faits (Wiley a bien battu les tenants du titre mais il s’agissait de USC et non d’Harvard), Denzel Washington réalise un film de bonne facture, plutôt bien joué bien que le scenario soit un peu trop linéaire. A voir, ne serait-ce que pour mieux comprendre les origines du Civil Rights Movement.