L'habit ne fait pas le moine.

Certes il y a l’affiche, peu avenante et peu originale (encore qu’en y regardant de plus près), certes il y a le synopsis d’un classicisme à pleurer façon High School Musical, Fame, etc… Résultat, quand on prend l’envie de jeter un œil malveillant à ce film, c’est parce-qu’on aime le chant acapella et qu’on trouve cette technique vocale proprement bluffante. Songez donc, de nombreux musiciens étaient convaincus qu’on pourrait un jour reproduire la voix humaine avec des instruments et finalement on reproduit des instruments avec la voix humaine…

Film convenu donc, que nenni ! La partie difficile de cette critique commence, ne rien dévoiler pour ménager l’effet de surprise tout en faisant saliver. On s’assoit, on voit défiler les premières images, convenues comme prévu. Les bombes atomiques qui tiennent lieu de chanteuses chantent (très bien d’ailleurs), sourient émail diamant et sont bien propres sur elles. Le duo qui commente la compétition de chant a été cloné sur Barbie et Ken. Rien de surprenant donc, nous sommes en terrain conquis. Survient alors la conclusion de la scène d’ouverture, surprenante, déroutante, réjouissante pour peu qu’on soit client(e) de ce genre de choses. On dresse l’oreille, on reste à l’affût, impatient de savoir si ce n’est qu’un accident de parcours ou si on est dans quelque chose de totalement imprévu et qui va prolonger le plaisir. On comprend vite, par l’énormité de certaines séquences qu’on est bien dans un film à double fond.

Toujours est-il que nous ne sommes plus tout à fait en terrain conquis, en tout cas plus du tout sur le même terrain, on rit beaucoup, parfois d’un rire gêné tant ce qu’on nous propose va mine de rien assez loin dans le subversif, dans le décalage très bien calé, surtout lorsqu’on s’y attend le moins. Jason Moore est sur l’usage permanent du contre-pied, il nous plonge régulièrement dans un film confortable, sans surprises autres que de jolies chansons, de belles amourettes et d’un seul coup quelque chose de totalement inattendu fuse du genre de celles qui font penser : « Non ! Ils ont osé ! C’est n’importe quoi ! ».

Certains dialogues sont très bien sentis et font exploser de rire instantanément, ajoutez-y des numéros musicaux parfois trop courts, mais qui font danser sur la canapé et vous obtiendrez quelque chose de rafraîchissant comme rarement, exploitant avec brio l’art du contraste, sorte de coup de pied dans la fourmilière cinématographique. On sent d’ailleurs que la plupart des acteurs ont pris du plaisir, probablement parce-que chacun d’eux à un vrai rôle bien déterminé, un vrai personnage ! L’étonnante Anna Kendrick appartient à ces actrices qui, sans être laides, ont un charme indéfinissable qui fait qu’au final elles sont infiniment plus belles que ces troupeaux de bimbos débarqués tout droit de la silicone valley. Elle mérite une place de choix dans la liste d’Aurea.

Voilà une comédie dont on pourrait bien se rappeler tant elle marie à merveille le propre et le moins propre, le correct et l’incorrect (mince, un indice !). Bien sûr tout le monde ne sera pas conquis, mais tout le monde sera surpris.