La bouche pleine.

En tant qu'ado se voulant original j'avais regardé le premier opus pour jouer à me faire peur et me venter. Dans mon bahut j'étais LE mec qui avait regardé The Human Centipede. Je savais déjà à cette époque qu'un deuxième film était en préparation (ainsi qu'un troisième) et c'est donc avec hâte que je découvris ce second volet.

J'en avais marre des films d'épouvante, d'horreur, gores etc... Avec ce film j'ai découvert le cinéma immoral.
Réutilisant le concept du 1er épisode, Tom Six développe un personnage complexe et malsain. Sans gros sursaut, sans véritable suspense, The Human Centipede 2 fait l'effet d'un kilo de moules-mayonnaises ingurgitées à la hâte un après-midi d'été sur une aire d'autoroute du sud-ouest, avec l'odeur du tabac froid du voisin de gauche, et celle des sécrétions sexuelles de votre voisin mi-SDF mi-exhibitionniste à votre droite.

Au-delà du scénario, certes un peu faible, il y a surtout un exercice de style parfaitement effectué. Filmé en noir et blanc (à part la matière fécale), presque entièrement en huis clos, Tom Six arrive à créer un film particulièrement esthétique à base de scènes de chirurgie amateur particulièrement répugnantes. C'est joli et c'est sale. On est juste là, à observer ces corps parfaits, nus, se faire charcuter par un gros bébé de 40 ans, pervers et sadique, un peu fragile et bien déterminé à créer son Human Centipede à lui, comme un grand.

Ce film n'a aucun sens, aucun but donc il est hors de question d'aller voir ce film en se disant "C'est une critique de la société de consommation blablablabla". NON. C'est juste un putain de film où un mec agrafe 12 personnes bouche-anus pour délirer.

Attention : à regarder en version NON-CENSURÉE. Dans la version censurée, le réalisateur a dû couper des scènes où Martin sodomise sobrement la dernière personne du centipede, du fil barbelé enroulé autour de son pénis, ou une scène de masturbation au papier de verre. Ça serait dommage de se priver de telles scènes si importantes pour comprendre la complexité du personnage. Nan, vraiment !

À la fin du film on se sent sale, presque coupable. La demi-molle dans le caleçon, tu regardes autour de toi et tu essayes de reprendre une vie normale, mais avec cette terriblement impression que tout le monde sait que t'as vu ce film et que tout le monde te juge.

Un film qui restera dans les anales.