Film matrice du pervers psychopathe made in Hong Kong
Kuei Chi Hung pose une pierre importante dans un genre qui fera date à HK : le pervers psychopathe. Si l'histoire de Killer Snakes ne va pas plus loin que la folie solitaire d'un homme perdu dans son trauma sado-masochiste au milieu d'un Hong Kong 70's sans pitié pour les faibles, il faut noter plusieurs atouts qui en font un bon petit classique. Tout d'abord un acteur principal inconnu au bataillon au physique maigrelet parfait pour incarner le persécuté du quartier, au faciès buriné lanceur de regards en coin, parfait aussi pour incarner la folie qui va s'emparer de lui.
Kuei Chi Hung utilise les mêmes lieux de tournage que pour Delinquent et Tea House et y ajoute un climat encore plus caniculaire qui appuie joliment la crasse, la mouateur, l'âpreté, l'ambiance pesante et participe à une jolie photo colorée à l'extérieur, humide et macabre à l'intérieur. Enfin, le choix des serpents comme justiciers, assassins et protecteurs d'un homme trop lâche pour faire quoi que ce soit par lui-même apporte une vraie originalité et quelques belles scènes déviantes qui feront date à HK. En particulier les serpents qui se substituent à l'homme pour la pratique du sexe comme pour l'acte du meurtre vengeur s'accompagnent de scènes à connotation exploitation japonaise où le "héros" ligote les victimes, jette ses serpents et attend que ça se passe recroquevillé dans un coin le regard fuyant et prenant malgré tout son pied, belle mise en image d'un être persécuté depuis toujours, limite pathétique, ***spoiler*** que rien n'épargnera jusqu'à la fin, même pas ses seuls amis. ***spoiler***
Killer Snakes ne va jamais jusqu'à la folie visuelle (et bis) d'un Calamity of Snakes (qui reprend une de ses scènes) ni n'effleure un vrai relief d'introspection mais constitue un bon B movie d'exploitation visuellement abouti et une date du cinéma HK à l'ambiance terminale représentative.