The King of Marvin Gardens par Maqroll
Comme dans Five Easy Pieces du même auteur, on retrouve ici cette atmosphère décolorée et fataliste qui semble peser sur les personnages et leur faire endosser un costume de résignation forcée devant les inévitables embûches de la vie. Comme dans Five Easy Pieces également, le thème central est ici encore la famille et ses déchirements subjectifs devant l’impossibilité de joindre l’idéal et le réel. Comme dans Five Easy Pieces enfin, c’est Jack Nicholson qui joue, avec un talent et une sobriété qu’il n’aura pas toujours dans la suite de sa carrière, le rôle principal. Il manque cependant à ce film pour être au niveau du précédent (tourné deux ans auparavant) cette grâce aérienne qui flottait sur le premier et peut-être aussi un scénario un peu plus élaboré. Mais on peut tout de même s’intéresser de près à cette histoire de deux frères, aussi différents que possible l’un de l’autre, qui veulent monter un paradis dans une île hawaiienne… Les passions vont émerger peu à peu, chargées d’histoire, d’imaginaire et d’inceste, jusqu’au dénouement final, brutal et sans appel. Une œuvre forte, toujours dans la lignée du cinéma indépendant, qui connote une certaine Amérique.