Flashback Cannes 2015, sortie de la projection d'Inside Out, un vieux type derrière moi descend le film avec virulence ( je rappelle qu'il s'agit d'un film d'animation des studios Pixar...). Moi, néophyte, amatrice de cinéma, étudiante en art mais sans gros bagage culturel comme certains par ici, je me demande comment c'est possible de réellement détester un film que l'on vient de voir dans le Grand Théâtre Lumière, tant la qualité du son, la taille de l'écran, l'ambiance de la salle, etc me tiennent en haleine même pour un film d'animation. Oui oui, c'était mon premier Cannes...
Retour en 2016, projection de The Last Face. Dès le premier quart d'heure, je sens le truc arriver. Charlize "jesuisbelle" Theron :son léger trait de khôl noir ras des cils dès le matin l'air de rien, ses beaux cheveux blonds bien brushés avant chaque prise, ses sourcils on point, son regard dans le vague incertain de l'avenir de son couple.... je regarde un film sélectionné à Cannes ou une pub Apple? Javier Bardem et ses lunettes Afflelou à 1 euro histoire de passer pour un type trop gentil normcore je bosse dans une ONG tout ça.... Adèle "jesuisvénère" Exarchopoulos et son rôle bien inutile alors qu'elle aurait pu contrairement à Charlize être crédible.... Putain mais c'est où la sortie? C'est con parce qu'il y a certaines scènes dans les villages auxquelles on pourrait presque croire et pour lesquelles on pourrait presque être émus, notamment une soirée au camp qui dégénère, ou encore une histoire de brossage de dent qui m'arrache un sourire... mais le jeu des acteurs est beaucoup trop hollywoodien, aseptisé, prévisible, on sent qu'ils veulent nous faire chialer et c'est insupportable...les dialogues écrits par un lycéen apprenti poète font glousser l'audience... Palme d'or pour la réplique de Mister Reno sus-citée dans le titre qui provoque un rire général et Grand prix du jury pour une extraordinaire scène entre Bardem et Theron. Promis ceci n'est pas un Kamoulox et retranscrit tel quel, sponsorisé par la Fédération Française de Foot Fetish: Charlize est debout, regarde une coccinelle grimper sur un rideau blanc. Elle est belle. Elle semble se questionner... mais à quel propos? Sa relation avec Javier? L'avenir du peuple africain? Tant de suspense. Soudain, péripétie: Javier se réveille. Un crayon à papier jaune est par terre, sur la moquette, près du lit. Charlize avance son pied ( qui est beau lui aussi bien sûr) et saisit l'objet entre ses orteils. Pendant ce temps, Javier rampe du lit jusqu'au sol et s'empare du crayon avec ses dents. Magnifique plan en plongée de Charlize de dos et sa chute de reins, nue, yeux fermés et bouche entrouverte. Voilà. Et puis on repasse au massacre et au sang. Si quelqu'un qui a vu le film et a compris l'intérêt de cette scène en terme d'esthétisme ou de scénario, qu'il se manifeste maintenant.
Le reste de film consiste en un enchaÏnement absurde de scènes niaises et de scènes larmoyantes. Fin de séance après 132 longues minutes, les huées couvrent presque les applaudissements. J'applaudis poliment, ça reste un projet, du travail, une équipe derrière mais les réactions autour de moi en sortant sont unanimes: c'était ridiculement mauvais. Aucun intérêt à le voir, vraiment...