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Steven Soderbergh nous a habitué ces dernières années à enchaîné des films qui sont de piètre qualité, on est très loin de la très grande heure de gloire du cinéaste, néanmoins, quand j’apprends que son prochain long métrage sera sur Netflix il y avait une lueur d’espoir, surtout sur un gros sujet qu’on a longuement parlé il y a trois ans : les Panama Papers.
La véritable affaire des Panama Papers
Vous vous souvenez sûrement de cette affaire des Panama Papers qui a fait énormément de bruit depuis la révélation en 2016 et beaucoup de personnalité politiques ou des célébrités ont été citée dans cette fameuse affaire comme le réalisateur espagnol Pedro Almodovar, le roi d’Arabie Saoudite Salmane Al Saoud, le président de l’Argentine Mauricio Macri, le président des Émirats Arabes Unis Khalifa Al Nahyane, le président de l’Ukraine Petro Porochenko, le Premier ministre de l’Islande Sigmundur Davíð Gunnlaugsson, le premier ministre du Pakistan Nawaz Sharif, l’ancien premier ministre de l’Irak Iyad Allaoui, l’ancien président de l’UEFA (Union des associations européennes de football) Michel Platini ou encore l’ancien ministre du Budget de la France Jérôme Cahuzac.
Pour revenir sur cette affaire de Panama Papers, il faut revenir en 2015. Un anonyme se faisant appeler John Doe transmet des données au quotidien allemand Süddeutsche. Ces données concernent les société créent et administré par Mossack Fonseca. C’est par l’intermédiaire du travail journalistique de 350 journalistes de 80 pays, qu’on apprend que 11,5 millions de documents confidentiels du cabinet Mossack Fonseca, dévoilent que des personnalités ont placé leurs actifs au Panama, un pays qui ne répond pas aux lois fiscales internationales. Ces actifs sont placés dans des entreprises sur un autre pays et dans cet autre pays, on ne paye pas d’impôts. Le soucis avec les sociétés offshore, c’est qu’elles rendent possible le fait de blanchir de l’argent et de frauder le fisc, d’autant plus qu’elle n’existe que sur le papier et leurs but est de dissimuler des actifs, on peut les appeler les sociétés écrans. Si on parlait du cabinet Mossack Foseca c’est qu’il fournisse une adresse au Panama à ces sociétés écrans. Donc si on devait résumer les Panama Papers en une phrase, c’et un scandale d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent.
Pour finir sur cette explication il est important de parler des deux personnages incarnés par Antonio Banderas (Ramon Fonseca) et Gary Oldman (Jürgen Mossack.) Ce sont les deux dirigeants de Mossack Fonseca, un cabinet d’avocat panaméen comptant plus de 500 employés. Si long-métrage s’attarde énormément sur ces dirigeants, c’est qu’ils sont leader dans la création des sociétés offshore et qu’ils ont aidé pas mal de leurs clientèle à dissimuler de l’argent dans les sociétés écrans.
Les Panama Papers pour les nuls
Pour parler des Panama Papers, Steven Soderbergh s’appuie sur le point de vue de Ellen Martin (Meryl Streep), une veuve en colère après s’être fait extorquer l’argent de son assurance. Elle enquête jusqu’au Panama ou deux avocats dissimulent de l’argent pour des gens très aisés qu’on appellera les super riches.
Quand on parle d’un film sur les Panama Papers on peut s’attendre à un film peu passionnant, parfois trop long, je repense à Steven Spielberg avec Pentagon Paper qui a du mal à le rendre passionnant le film sur son début et doit attendre la fin, pour voir un film plus intéressant, malgré le propos et le regard du cinéaste américain très intéressant sur le sujet. Revenons sur le dernier film de Steven Soderbergh, il décide d’expliquer pendant tout le film ce que c’est le Panama Papers, un peu une sorte des Panama Papers pour les nuls. Cela va se ressentir dans le film qui sera coupé en plusieurs chapitres avec chacun un thème, histoire de ne pas être perdu, mais tout sera abordé.
L’intelligence dans l’explication c’est de commencer le film avec Ramon Fonseca et Jürgen Mossack qui nous explique le principe de l’argent, d’économie. On aura une sorte de rapport intime avec deux personnages, mais pas de l’attachement, car Soderbergh et Scott Z. Burns nous rappelleront très vite que ce sont des personnes qui ont aidé à enrichir des gens qui ne méritaient pas d’être enrichis. Ce qui est aussi plaisant c’est que les deux personnages sont très complexes, un peu à l’image de notre société et j’ai trouvé que c’était assez intéressant de ne pas foncer dans le tas et de dire que ce sont de enfoirés. De plus, ils sont bien interprétés par l’excellent duo Banderas-Oldman qui ont l’air d’avoir pris beaucoup de plaisir à jouer dans ce film, surtout Oldman qui adopte l’accent allemand plutôt bien maîtrisé et donner un style au personnage.
Ou est mon Argent ?
Les bonnes idées sont aussi présentes sur la mise en scène, Soderbergh a l’intelligence de mettre sa caméra en retrait par rapport aux personnages, une façon de laisser l’action se dérouler et de laisser la corruption se faire. Il y a aussi deux plans séquence assez intéressantes. Le premier plan séquence arrive au début, cela ne dure pas assez longtemps, mais c’est très intéressant car le duo Banderas-Oldman nous parle directement et quand la caméra bouge avec eux il y a cette sensation qu’on est la caméra surtout quand le personnage qui nous parle se retourne.
Malheureusement, il ne faut pas oublier qu’on est sur un Soderbergh récent. C’est-à-dire, il a une bonne idée, mais il l’exploitera très mal. Dans The Laundromat, la bonne idée c’est de séparer l’histoire du film en plusieurs chapitres surtout quand on nous les présente comme différentes histoires qui essayent de se rattacher, sauf qu’on cherche à trouver le lien et il y en a pas vraiment. On se perd énormément dans la narration du film elle-même. Parfois je me regardais en me disant que je comprends le thème du film et le côté éducatif sur les Panama Papers, mais en tant que film, on s’y retrouve pas du tout et encore une fois, un long métrage de Soderbergh peine à être passionnant. On a aussi une sorte d’incompréhension quand on voit les différentes fins de chapitres, c’est compliqué de savoir ou voulait en venir Soderbergh avec ces fins qui manquent d’information, qui passe trop vite à autre chose. Plus le film avançait, plus j’essayais de comprendre ce que le film essaye de me montrer tout en trouvant ce que le film cinématographique apporte au spectateur qui connaît très bien cette histoire.
Avec The Laundromat, Steven Soderbergh est très bon pour nous expliquer les Panama Papers, néanmoins c’est à l’image des films du cinéaste américain qui sont de moins en moins intéressant. Ce n’est pas un film que je conseillerais automatiquement, car il perd vite de l’intérêt à cause d’un montage fouillis, mais si on ne connaissait rien du tout, il est possible de trouver un petit intérêt.