Un mauvais train peut vous amener à la bonne gare....

Tous les matins, Ila prépare le lunch box de son époux.
Elle y place dedans tout son cœur, mais aussi tout son espoir afin que celle ci lui revienne vide, présage d'une attention ou d'un regard dont elle manque.
Ses conversations quotidiennes avec une voisine dont nous ne verrons jamais le visage sont pleines de frustrations et de solitude. Pourtant, elle est si belle en dedans Ila…

Sannja lui est célibataire, au crépuscule de sa vie qui depuis le décès de sa femme se résume à son emploi administratif. La retraite sera mise en place dans un mois, le temps de former un nouvel employé qui le remplacera.
Ses réveils avaient un sens, un but, que lui restera-t-il après?
Saanja à l'ironie facile, un désintérêt plutôt franc pour ses semblables qui peut prétendre à une certaine forme de mépris.

Il s'est habitué à préférer cette solitude aux autres tandis qu'Ila la subie sans savoir quoi en faire.

Un jour, le lunch box se retrouve par erreur sur son bureau pour la pause déjeuner…
Ce même jour Ila retrouve le lunch box enfin vide et saucée .

S'en suit alors une relation étrange : chaque journée devient chargée d'impatience et d'empressement : le lunch box transporte un échange de lettres entre deux personnes profondément seuls qui n'ont pas su saisir le train de ce monde qui semble avancer trop vite.

Pourtant, « un mauvais train peut vous emmener à la bonne gare ».

Au fur et à mesure des confidences de chacun, une histoire d'amour anonyme se développe, notre comptable accepte les prémices d'un peu de folie, l'épouse délaissée accepte d'être lucide, comme deux êtres au bord du vide qui n'attendaient que de tenir la main à quelqu'un pour ne plus avoir peur de prendre le prochain train de leur chemin de vie.
Il oublie qu'il vieillit, elle oublie qu'elle est mariée.

A l'heure des emails, des échanges épistolaires d'sms, des « maux » en police Arial, Ritesh Batra pour son premier long métrage nous transporte dans une parenthèse ou le monde se stoppe, juste un peu, juste le temps de respirer et de se souvenir.
Il n'y a pas ici de fioriture : ni dans les lettres, ni dans l'histoire, Il n'y a pas besoin de mettre en évidence des brochettes de personnages ou de mâcher le travail de réflexion du spectateur, Tout est pesé au gramme près, rien de tiède, et même une pincée de sel pour créer le suspens de l'issue de ce concours de circonstances.

Les plans s'attachent à des scènes et paysages de la vie quotidienne, Les bus surchargés, les enfants jouant dans les cours, les feuilletons familiaux, les chants des cantiniers, tous ces ingrédients témoignant d'une société Indienne perdue entre traditions et modernisme, à l'image de ce lunch box issues d'un système informatique ou aucune erreur ne peut à priori se faire.

Le seul bémol reste encore l'affiche du film qui n'est pas du tout en adéquation avec l'univers intimiste et feutré que l'on découvre.

Au final si les récompenses ne sont pas gage d'excellence en matière de cinéma étranger, elles permettent ainsi à des réalisateurs de tout horizon comme Ritesh Batra de nous faire découvrir une culture différente, avec pourtant ce sentiment universel de s'être perdu sur le chemin.

N'attendez pas la prochaine pause pour vous précipiter à déguster et savourer cette recette du bonheur !
StrangeD
9
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le 10 févr. 2015

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StrangeD

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