Quand le prolétariat tue le grand patron... littéralement.

Licencié suite à la fermeture d’une usine, un jeune homme s’introduit dans la vaste demeure de son patron qu’il décime à coup de marteau avant de s’en prendre à sa très jeune et très belle femme. Une fois le couple emballé dans des bâches en plastiques, l’homme s’installe dans la superbe demeure. Prenant la place de son patron, il s’essaie à ce niveau de vie bien supérieur au sien tout en luttant contre ses démons et la culpabilité qui l’étouffe.

Sortant du théâtre, le jeune réalisateur letton réalise là son second long métrage. Aik Karapetian a mit 5 ans pour concevoir The man with the orange jacket surtout dû à un cruel manque de moyen. Présenté comme un disciple de Lars von Trier, suivant la lignée d’un David Lynch, ces élogieuses comparaisons ne peuvent que nuire au film qui est loin d’égaler ces grands cinéastes. En vérité, on ressent la pénible production et l’influence qu’il peut y avoir en 5 ans, forcément différentes, qui créer une sorte d’irrégularité dans le film.

manintheorangejacket1_copy__largeCommençant pourtant très bien, The man with the orange jacket s’inscrit d’emblée comme un slaher sur fond de lutte des classes. L’homme sans visage, tueur froid qui s’introduit chez son patron, marchant d’un pas lent comme tous les tueurs emblématiques des slasher des années 80, aborde comme eux des signes distinctifs. Pour lui c’est le marteau et sa boîte à outils, c’est la veste orange du travailleur, ce sont les chaussures de sécurités qui claquent sur le sol à chacun de ses pas, et la casquette sale visée sur sa tête masquant ses traits. Ses cheveux sales tombent devant son visage. C’est une silhouette.

Froidement il s’introduit dans la splendide demeure, observe ses habitants, un couple dont la différence d’âge est absolument énorme et qui semble éprouvé peu de remords à l’idée d’avoir mis autant de gens dans la misère en leur enlevant leur gagne pain. Il s’installe sur un fauteuil grignotant je ne sais quoi pendant que le couple dort paisiblement. Réveillé par le crissement des dents du tueur, le couple surpris n’a le temps que de hurler de terreur avant que le marteau ne s’abatte sur eux. L’exécution est rapide, froide, implacable. La femme tente de survivre mais n’arrive à lui échapper bien longtemps et les deux finissent à la cave, emballés sous une bâche en plastique transparente.

The-Man-In-the-Orange-Jacket-HeaderSitôt après, le tueur se déshabille, se douche puis s’installe dans les vêtements de l’homme qu’il a tué. Il prend sa place dans son lit, derrière son piano, au volant de son gros SUV, et va même au même restaurant, se faisant passer pour son fils. L’indélicatesse et le remplacement nous place dans quelque chose d’intéressant, d’autant que rapidement on sent que l’homme n’est pas complètement à l’aise. Quelque chose dans la maison le dérange, un bruit, comme un tremblement. On croit que c’est la culpabilité qui le submerge mais on distingue une silhouette vêtue d’une veste orange. La trahison de ses idéaux croit-on est ce qui le perturbe. Devenu lui-même le patron puisqu’il en a enfilé la tenue, il devient la proie des vindicatifs employés mis à la rue sans plus de question.

The-man-in-the-orange-jacket-illus1-651x352Hélas, c’est à ce moment que les fils s’emmêlent. Le réalisateur a mis 5 ans pour faire son film, et à ce point précis du film, on le ressent cruellement. L’on passe de la culpabilité à l’errance, de la concupiscence à la lutte des classes, tout se mélange pour finalement nous faire surtout ressentir la vacuité du film. Durant la seconde et troisième partie, y compris la quatrième, il ne se passe rien! Tout ce qui aurait pu se révéler intéressant ne sont que des rêves. Il n’y a que la scène avec les deux prostituées qui soulève un intérêt, un sourire nous vient en voyant le tueur piqué dans son orgueil en voyant les filles dans la piscine rirent de lui décidant alors de pisser dans la piscine avant d’y aller lui-même et de leur demander de lui sucer ses boules. Scène d’humour noir étincelant qui malheureusement ne parvient à nous sortir de l’absence totale de sens et même d’intérêt.

Et la fin ne vient que nous achever. Surréaliste à la fin, offrant un final aussi tiré par les cheveux que sans véritable sens. On se demande quel sens retenir de tout cela. La lutte des classes a été évincée pour une banale histoire de culpabilité mal traité. L’ensemble est décevant. Malgré les bonnes intentions, le réalisateur s’est malheureusement pris les pieds dans le tapis. En tentant de brouiller les pistes il s’est perdu lui-même et a surtout perdu son objectif de vu. Dommage c’était une bonne idée au départ.
Sophia
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le 6 févr. 2015

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