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le 20 oct. 2021
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On attendait le film qui, tel le Messie, investirait la maison de retraite par le prisme de l’épouvante pour en faire le conservatoire des angoisses, des fictions et de la lente mais certaine dégradation du corps et de l’esprit des personnes qui y sont envoyées ; dans un genre différent, rappelons le fameux I Care a lot (J Blakeson, 2021) et sa dénonciation de la course au profit dans les Ehpad américains, ou le tout aussi récent The Father (Florian Zeller, 2021) qui s’achevait dans une chambre médicalisée. The Manor n’a certes pas la maîtrise et l’inventivité des deux œuvres précédemment citées mais demeure une réflexion pertinente sur la fin de vie assistée que l’on « offre » à ses parents, suivant un double souci de les savoir en sécurité et de ne plus en être responsables – reflet de nos sociétés modernes occidentales, au sein desquelles l’individu se définit par son utilité et sa compétitivité.
La caméra d’Axelle Carolyn sait jouer avec le manoir qui sert d’asile à Judith, et qui donne son titre au long métrage : elle le présente tantôt comme un petit coin de paradis situé à l’abri des tumultes du monde, tantôt tel un bagne gothique qui retient les pensionnaires prisonniers contre leur volonté. Ce traitement double du lieu peut correspondre à la différence de perception qu’en ont les personnages : la famille juge l’endroit hospitalier et agréable, Judith le regarde avec inquiétude ; ses visions, qui n’en sont pas, font apparaître à l’écran une allégorie de cette peur panique devant la disparition, le monstre incarnant la faucheuse croisée avec des rites celtiques que l’on pratique non loin de là. Que l’irruption de la magie noire s’avère plutôt grossière, voire ridicule, n’empêche pas le film de viser juste lorsqu’il orchestre un ultime retournement de situation, traduction parfaite de la lâcheté de l’humain devant sa condition de mortel.
Nous regretterons que la mise en scène soit aussi opportuniste et ne cultive guère le mystère : les plans, charcutés par le montage, sont là pour signifier immédiatement ; la réalisatrice aurait gagné à disperser des indices, à faire naître la folie petit à petit et dans l’esprit de Judith et dans celui du spectateur. The Manor manque de subtilité, fonce dans l’épouvante comme un éléphant dans un magasin de porcelaines et perd aussitôt en puissance immersive. Il n’en reste pas moins une déclinaison digne d’intérêt du thème de la vieillesse, dans la continuité d’œuvres comme Relic (Natalie Erika James, 2020).
Créée
le 14 oct. 2021
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