Et des lames ! Et des lames ! Et des lames...
Quand Van Bebber s’attaque à la célébrité Charles Manson (LE psychopathe n°1 dans la culture américaine), il n’y va pas de main morte, poussant l’immersion assez loin avec le style du faux documentaire, où on sent l’influence de Cannibal Holocaust. En effet, l’image possède un grain assez prononcé, et le film débute en fait avec un programmateur qui recherche du sensationnel sur l’affaire, et qui reçoit de mystérieuses cassettes, qu’il se fait un devoir de regarder. Pour mieux nous immerger dans l’affaire, nous avons d’abord droit à de fausses interviews, et à des séquences assez représentatives de la pensée hippie (ou tout du moins l’idée qu’on s’en faisait). La violence psychologique des images est démentielle, car une fois la bande installée dans la ferme, ils vivent vraiment selon leurs règles et leurs idéaux : nombreuses orgies en pleine nature, surconsommation de drogues dures… Comme le disent les protagonistes en interview, le but était de laver le cerveau des membres de toutes les inhibitions que leur éducation avait pu créer en eux. En bref, tout le monde vit d’amour et d’eau fraîche, en se nourrissant dans les poubelles et en louant Charlie pour ses ondes positives. Mais rapidement, le récit prend un ton plus sombre (notamment avec le rejet progressif des studios des chansons de Charlie). Le lavage de cerveau prend des dimensions autrement plus sérieuses, les considérations raciales commençant à apparaître (une vraie surprise en ce qui me concerne) dans la famille, et cette dernière continuant son rythme de vie décalée sous un ton beaucoup plus morbide. Pour manifester ce chavirement des personnalités, on verra les membres de la famille se grimer en démon, Charlie faisant office de Satan, cheap et tétanisant. Un peu facile, mais parfaitement dans le ton psychédélique de l’histoire. Le décervelage prenant peu à peu d’immenses proportions jusqu’à ce qu’on arrive enfin aux premiers meurtres. Et là, on y va fort. Filmée platement, l’attaque de la maison de Sharon Tate et des meurtres barbares qui s’y sont déroulés glace, rendant véritablement gerbante cette violence poisseuse avec une efficacité qui terrasse (le psychédélisme est toujours là). Bref, c’est une immersion profonde au plein cœur de la Famille de Charles Manson, assez précise niveau détail pour donner l'illusion de la réalité, mais dont le montage pensé pour être psychédélique nuit parfois à la compréhension de certaines parties de l’histoire. C’est d’ailleurs le cas de la conclusion, qui s’attarde sur les « émules » de la Famille massacrant quelques personnes s’intéressant trop à Charles à leur goût (d'ailleurs, ce dénouement est un peu bancal, faisant des punks undergrounds les héritiers des hippies pour prolonger la violence à notre époque alors que ça n'était pas vraiment utile). En bref, une violence poisseuse efficace et une immersion psychologique convaincante, qui n’empêchent pas un format un peu brouillon du rendu final.