L’étude des genres a toujours été l’un des sujets qui m’ont le plus intéressée en sciences sociales. Je suis intimement convaincue à l’heure actuelle que le féminisme et la déconstruction de la masculinité, expression malheureusement trop souvent confondu avec la notion de « virilité », vont de pair et qu’il est d’utilité publique que la société prennent davantage conscience des clichés de genre et de l’impact néfaste qu’ils peuvent avoir afin de bâtir des relations plus saines, respectueuses et équilibrées. C'est donc naturellement que quand j'ai entendu parler de The Mask You Live In, un des rares documentaires qui s’attèle à parler de masculinité toxique et de ce que signifie l’expression « être un homme » aujourd’hui, j'ai tout de suite eu envie de le visionner pour me faire un avis.


J’ai trouvé dans l’ensemble que TMYLI était un documentaire intelligent, autant dans les messages véhiculés que dans la manière de les faire passer. Alternant entre entretiens « d’experts » (psychologues, activistes, sociologues, pédiatres, éducateurs…) et témoignages poignants d’hommes et de jeunes garçons de tous horizons mais aussi de parents, il nous est clairement montré que les clichés masculins collant à la peau des garçons dès leur plus jeune âge les enferment dans une forme de masculinité toxique, occasionnant ainsi du sexisme et de l’homophobie.


Dès l’enfance, on apprend aux petits garçons, de façon plus ou moins inconsciente et plus ou moins flagrante, « qu’un homme un vrai » ne doit pas pleurer et ne doit pas se montrer vulnérable. La tristesse ne doit pas s’exprimer sous forme de larmes sous peine d’être vu comme quelqu’un de faible (la faiblesse étant d’ailleurs souvent malheureusement associée à l’homosexualité) et doit plutôt être sublimée en colère ou agressivité. À ces attentes émotionnelles s’ajoutent également des attentes physiques (grande taille, « virilité », présence de muscles, apparence qui ne doit surtout pas être « efféminée ») mais aussi matérielles (gagner bien sa vie, et surtout plus que sa femme par ailleurs dans une conception très hétérocentrée etc). Ces discours sont d’autant plus prégnants et structurants qu’ils sont véhiculés par les instances de socialisation primaire et secondaire, tels que la famille et les pairs (ami.e.s) mais aussi les médias (publicité, cinéma…).


Le documentaire est d’ailleurs entrecoupé de scènes courtes de films et séries mais aussi de faits divers et de statistiques, démontrant ainsi la véracité des propos. La sur-exposition à un contenu pornographique sur Internet, dont une grande majorité présente bien souvent des relations violentes à l’égard du genre féminin, combinée à l’absence d’éducation sexuelle à véritablement parler (et l’absence de transmission de notions clés comme celle de consentement) contribue à renforcer la culture du viol déjà bien trop présente et à normaliser la violence envers les femmes.


Sont également abordés d’autres sujets tels que le racisme, le harcèlement scolaire, la dépression et le suicide, les violences et agressions familiales et sexistes, le viol ou encore les jeux vidéos et la pornographie comme évoqué plus haut. Il n’est pas dans ce film question de trouver des excuses à des hommes violents, des agresseurs et des violeurs mais plutôt de chercher à en comprendre les causes et origines afin de commencer un travail qui s’avère massif de changement des mentalités.


The Mask You Live In est donc un documentaire très instructif et accessible que je recommande fortement à tou.te.s et qu’il est surtout indispensable de faire visionner à tous les hommes de nos vies (frères, pères, grands-pères, oncles, amis…) afin d’éviter la répétition de schémas toxiques. Disponible sur Netflix, il s’adresse aussi bien aux personnes peu informées sur le sujet qu’aux initié.e.s.

chougne
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le 8 déc. 2020

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