The normal heart est un beau film qui raconte une bien triste histoire en la romançant malheureusement de manière un peu clichée. Comme on pouvait le craindre, il tire un peu trop sur les ficelles d'un genre facilement nauséabond : celui du téléfilm. On comprend d'autant plus vite pourquoi le film possède ces défauts lorsque l'on sait que Ryan Murphy, créateur de Glee, est à la réalisation. (Ai-je besoin d'ajouter quelque chose ? nah.)
Le film m'a premièrement agacé par sa prise de position dans la mise en scène. Tous les gays y sont vus comme des bellâtres musclés et peroxydés qui paradent en riant dans un univers pastel et disco. A ce titre, le récit de ce film réponds à certains clichés (aussi positifs soient-ils) que les gens peuvent avoir sur l'univers homosexuel et qu'ils me semblerait bon de mettre à bas. J'aimerais rétablir une vérité : la communauté homosexuelle est composée d'autant de cons, de moches et est imprégnée d'autant de mauvais goût que n'importe quelle autre partie de la population. C'est à mon sens un peu fort de vouloir faire croire le contraire. M'enfin, on peut penser que cette beauté symbolise un certain Eden perdu puisque tous les beaux gosses du film meurt du SIDA. Ca ou la laideur, il s'agissait de choisir j'imagine !
Et on en vient donc à l'autre gros cliché auquel le film se soustrait et qui est celui stipulant que la moitié des gays sont morts du sida dans les années 80. Malheureusement, quand on s'adresse aux gens qui ont vécu ces années, le cliché se trouve vérifié. C'est donc précisément là que le film puise sa force. Il montre l'hécatombe méthodique, fulgurante et silencieuse qui s'est opéré dans les rangs de la communauté gay au début des années 80. On ressent assez bien la terreur des différents personnages et on s'identifie à leur détresse, leur incompréhension et leur désarroi.
A ce moment précis, le film se perd malheureusement (mais de manière prévisible) dans une dimension larmoyante encore une fois clichée. Moi qui aime pourtant pleurer devant un bon film et qui suis généralement assez client des procédés censé tirer les larmes, je n'ai pas répondu à l'appel du mouchoir. En tant que public cible de ce film, j'ai en effet un peu trop eu l'impression qu'on tentait de violemment titiller ma corde sensible. Le viol étant manifeste, ca n'a pas pris, raté !