Et de 4 pour Jaume Collet-Serra et Liam Neeson qui ont donc depuis quelques années entrepris une collaboration fructueuse où les deux hommes prennent un malin plaisir à explorer différentes facettes du thriller dans des séries B honnêtes. Un bon moyen pour Collet-Serra d'assumer pleinement son envie de s'imposer en héritier d'Hitchcock surtout lorsqu'il se complaît dans des whodunit old school qui voit ses personnages contraint à une unité de lieu ou de temps où il peut moderniser un style très emprunt aux films d'action des années 90. On ressent cette amour du vieux cinéma et cette envie de le remettre au goût du jour, mais après des premiers essais correctes mais pas transcendants, le duo va-t-il enfin marqué le coup avec ce The Commuter ?
Il faut d'abord reconnaître que Jaume Collet-Serra est plutôt un habile metteur en scène lorsqu'il doit gérer l'espace et la tension d'une situation. Coincé pendant la majeure partie du film dans un train, sa caméra va s'affranchir des barrières physiques dans des mouvements dynamiques et bien senties qui offre à ce jeu de chat et la souris un ludisme particulièrement plaisant. On ressent ici tout l'amour que le réalisateur a pour le cinéma et les techniques d'Hitchock qu'il cite à de bien nombreuses reprises. Même si jamais il n'atteint le niveau du maître du suspense, il donne à son film un cachet visuel plaisant et qui ne manquera pas de faire tenir le spectateur sur son siège malgré quelques petits soucis ici et là. Le montage toussote par exemple assez souvent, surtout dans l'introduction catastrophique qui caractérise la famille du héros de façon artificielle et confuse avec une succession de scènes de leur quotidien montées à un rythme effréné.
Le gros soucis de taille est aussi la manière dont le réalisateur se repose beaucoup trop sur sa star principale pour les passages les plus musclés. Liam Neeson offre une performance convenable, accompagné d'un casting secondaire sous-exploité où l'on se demande ce que Patrick Wilson et Vera Farmiga sont venus faire là, mais traîne clairement la jambe lors des scènes d'actions. Collet-Serra tente de compenser la lenteur des affrontements par une brutalité soulignée généralement par des plans séquences, et même si elle est bien de mise l'action ne tient que très peu la route par son aspect ronflant et mollasson. Surtout que The Commuter plonge dans un dernier acte qui fait bien trop la part belle aux ajouts numériques hideux. Le film n'étant pas non plus aidé par un scénario de prime abord intriguant, mais qui tombe assez vite dans l'invraisemblance et le ridicule pour justifier son pitch et se montre vite prévisible, un comble pour un film à suspense.
The Commuter est une série B assez moyenne, les bonnes intentions sont là mais restent parfois assez mal exécutées. Le film s'impose même comme la collaboration la plus faible entre Jaume Collet-Serra et Liam Neeson, qui signe au final un Non-Stop bien moins efficace où le duo peine à se renouveler. Reste encore quelques idées de mise en scène intéressantes, notamment dans la gestion de l'espace, et un ludisme assez prenant. Mais les défauts d'écritures d'un scénario qui s’effondre sur lui-même, un acteur principal qui ne tient plus les scènes d'actions ou encore les séquences d'effets spéciaux ratés viennent parasiter ce The Commuter qui passe d'un divertissement au potentiel solide à un film qui peine à convaincre.