The Place Beyond the Pines par Cinemaniaque

Derek Cianfrance n’est pas exactement le genre de mec à faire des compromis, au vu de sa manière de raconter ses histoires de manière frontale, intense et sincère. The Place Beyond the Pines a quelque chose de brut, comme un diamant non poli, fascinant et frustrant, que l’on a envie de toucher malgré ses bords un peu tranchants.

Cianfrance sait s’entourer, et sait surtout comment tirer profit de son entourage : outre Ryan Gosling, Eva Mendes et Bradley Cooper touchent presque au sublime quand ils dévoilent, petit à petit, ce qu’il y a de plus fragile en eux dans le regard, dans des gestes anodins, dans des silences. Cianfrance est un manipulateur charismatique, un séducteur de l’âme aussi bien des acteurs que des spectateurs, qu’il sait faire réagir comme il le veut au moment où il le veut.

Le problème, c’est qu’il en est conscient et délaisse dès lors quelques petites choses utiles, comme un scénario solide derrière une apparence trompeuse (3 récits sur deux générations). La confiance que place le réalisateur dans ses comédiens n’est pas usurpée, et Cianfrance a suffisamment de talent pour savoir les filmer avec justesse, ce côté brut précédemment évoqué n’est que trop flagrant quand la surprise n’est pas là, quand le sentiment de déjà vu s’installe et quand on est un peu peiné d’attendre si longtemps pour en arriver là. On s’approchait de la belle tragédie, on n’en reste qu’au simple drame.

Il n’en demeure pas moins que Cianfrance est un directeur d’acteurs hors-pair, et que ses prochains projets devront être suivis avec beaucoup d’attention, des fois qu’il se rende compte de sa seule vraie faiblesse et décide d’y palier.