Comme un escalier vers une nouvelle vie

Après le résultat plus que satisfaisant de son film Blue Valentine sorti en 2010, Derek Cianfrance, cinéaste indépendant peu connu nous sert sur un plateau sa nouvelle réalisation intitulé The Place Beyond The Pines dans laquelle il nous compte un récit qui semble bâtit comme un escalier, c'est-à-dire, en avançant pas à pas.

Luke Glanton est un homme n'ayant jamais connu son père au caractère sensible et qui est cascadeur sur moto dans une fête foraine, mais le jour où il apprend qu'il a un fils, il va devoir faire des choix de vies loin d'être évident et qui vont le pousser à poursuivre une route semée d’embûches.

Ce film est un film d'un genre très spécial, en effet, monter un film de la sorte est un exercice de style compliqué et très délicat à effectuer car il faut avoir un scénario suffisamment intéressant pour tenir le spectateur en haleine durant les différentes parties du film: Le film de Derek Cianfrance se construit donc en trois parties ayant chacun leurs personnages centrales et leurs points de vue définis.

On entre dans une première partie porté par le personnage de Luke incarné à l'écran par un Ryan Gosling plus badass que jamais, tatoué et taillé comme un athlète et livrant une prestation qui fait partie du sommet de sa carrière. Cette première partie est sombre, le réalisateur montre bien le désespoir qui habite le personnage et son manque de solution qui le pousse à suivre une vie compliquée.

La seconde partie intervient comme une fracture, elle commence de manière très significative, et c'est là qu'intervient le premier changement de point de vue, on passe donc aux personnages de Avery Cross joué par un Bradley Cooper touchant d'authentisme et de fierté qui doit lutter contre ses démons pour lui aussi choisir une vie de rare complexité.

Et on attaque la troisième partie portée par un personnage encore plus sombre que les deux précédent et interprété par Dane DeHan, jeune acteur montant d'Hollywood qu'on a put voir dans des productions telles que Chronicle ou encore The Amazing SPiderman 2. Son personnage est sans nul doute le plus complexe de ce trio et la vie qu'il choisi de mener penche clairement vers une recherche d'identité perdue quasiment lors de sa naissance.

Autour de ces trois fils conducteurs, notre trio est accompagné par des collègues de choix comme Ray Liott, Rose Byrne ou encore Eva Mendes. De plus, notre trio a pour terrain de jeu les grandes plaines de l'Etat de New York ce qui lui permet de se mouvoir dans une vie qui se rapproche des heures sombres de l'Amérique.

La qualité photographique du film est également grandement mise en avant avec des plans à couper le souffle et des scènes prises jusqu'à ce que la perfection souhaitée par le réalisateur soit enfin atteint. Les dialogues sont censés, pas de frasque ni de présence de superflu, ce qui permet aux spectateurs de restés bien accrochés au récit durant près de 2H30 de film tout de même.

The Place Beyond The Pines n'a rien du film voulant se vendre ou voulant faire une grosse affaire au box office. C'est un film d'auteur, brisant la glace sur trois portraits d'hommes que tout t'opposent mais qui en même temps les rapprochent. L'idée principale du film mise en avant par Derek Cianfrance de manière masquée est l'idée de choix, le choix de vie, le choix de mort, le choix de vouloir faire table rase du passé, le choix d'avancer.