On se réjouissait tellement de voir le nom de Nicholas McCarthy accolé à un film d'enfant maléfique que l'on n'avait même pas imaginé un seul instant la possibilité d'être déçu... Hélas, il ne faut pas bien longtemps pour comprendre que "The Prodigy" n'aura pas grand chose de prodigieux sinon les fulgurances de son réalisateur pour tenter de transcender une histoire qui a pour seule réelle particularité d'être un curieux mix entre "Chucky" et "La Malédiction"...
Encore relativement discret (ces deux premiers films sont des DTV qui ne méritaient pas ce sort), McCarthy s'est fait remarquer pour sa capacité à créer des films d'épouvante où règnent une atmosphère aussi viscérale que sensorielle de la peur, la rendant pour ainsi dire presque palpable à l'écran. Ses jumpscares, qu'il utilise comme un simple outil parmi une large palette et non comme unique ressort, font d'ailleurs partie des plus efficaces que l'on ait vu et servent toujours ces ambiances anxiogènes qu'il construit savamment. Après avoir revisité le thème du fantôme avec "The Pact" (enfin...) et celui de la possession dans "At The Devil's Door" (deux réussites), l'imaginer se confronter à un enfant déviant était donc une perspective plus qu'alléchante mais une donnée capitale aurait dû pourtant attirer notre attention dès le départ : McCarthy n'est pour une fois pas le scénariste de son film !
On le réalise assez rapidement devant le classicisme éhonté de l'entreprise, le début du long-métrage grille même bêtement le peu de mystère qu'il aurait pu entretenir sur les origines du phénomène en les dévoilant d'emblée et s'enfourne ensuite dans tous les lieux communs possibles que la dénomination de "film d'enfant maléfique" peut faire venir à l'esprit d'un spectateur lambda. Pendant une grosse demi-heure, il n'y a foncièrement rien d'original dans "The Prodigy" et le spectateur n'a plus qu'à se raccrocher aux rares wagons de satisfaction que McCarthy essaie de faire surgir.
Les tentatives d'installer une vraie ambiance sont bien réelles mais elles ne peuvent rien face à la platitude du déroulement de l'histoire, la personnalité tordue derrière l'apparente innocence du petit Miles (excellent Jackson Robert Scott) permet néanmoins de jolis pics malsains et deux, oui, deux jumpscares, celui du visage (vous comprendrez...) et du couloir, font vraiment leur petit effet. On reprend un peu espoir devant la mise en avant de la réincarnation abordée par un prisme pseudo-scientifique, celle-ci aboutira d'ailleurs sur la meilleure séquence du film, la séance d'hypnose brillamment réalisée et exploitant à son paroxysme le côté glauque du "patient". Tout cela apparaîtra hélas à nouveau très vain devant notamment une dernière partie qui aurait pu pousser le curseur du malsain très loin (l'idée de la mère aurait pu être encore bien plus extrême) mais la frilosité agaçante à embrasser pleinement la cruauté de cette histoire pour toujours se réfugier dans ses issues les plus banales achèvera d'envoyer "The Prodigy" dans les limbes de l'anecdotique.
Peut-être que Nicholas McCarthy a voulu s'essayer à un style plus grand public en réalisant le scénario horriblement ordinaire d'un autre ? En tout cas, mal lui en a pris, "The Prodigy" devient instantanément le point noir de sa courte filmographie où seuls ses coups de génie en matière de mise en scène surnagent. Alors, Nicholas, on prend sa plus belle plume et on se met fissa à l'écriture du prochain film ! "The Prodigy" est clairement la preuve que tu n'es jamais mieux servi que par toi-même...