Début trompeur. Une fusillade désespérée dans une petite baraque de l'outback Australien s'achève dans la poussière et le sang, alors que Ray Winston fait à Guy Pearce la proposition qui donne son titre au film... "Ne vous y trompez pas, tonne-t'il, pédant. Je civiliserai ce pays."
Le grand frère de Guy, Danny Huston, est un malfrat charismatique terré dans un coin sauvage perdu, aussi craint que vénéré, et qu'il convient d'abattre comme un chien aboyant à la lune. Un frère pour un autre, un mal pour un bien.
Mais que signifie être un homme de bien dans un monde qui ne se refuse rien ? Bandits, soldats, propriétaires et chasseurs de primes, tous n'agissent que pour leur pomme, ou leur prochaine cuite. De l'innocence des femmes, ils n'ont cure, de la civilisation il ne veulent.
Sans plus de concession que l'époque elle-même, John Hillcoat livre un film aux rouages narratifs simplissimes, mais riches de détails remuants et d'une poésie neurasthénique ( Nick Cave oblige ).
Par exemple la scène de flagellation aux cent coups envoie paître des générations et des générations de peplums ou les coups de fouets ne sont que picotements passagers. "38 !" crie le bourreau alors qu'on croyait la torture terminée...
Et le poème macabre murmuré tout le long du film vous hantera des années après.
Héros tragiques de cette lente épopée, Guy et Ray finissent par décrocher la mort du demi-Dieu sauvage, mais n'obtiennent ni satisfaction, ni civilisation...