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Avertissement: toute critique est susceptible de contenir des éléments clefs de l'intrigue de l'objet étudié ici, sans quoi il serait difficile de parler correctement du-dit objet


Je rajouterai que je n'ai pas de formation dans le cinéma et que mes critiques sont plus à mettre en perspective de mon intérêt pour la Corée


Premier film de Kim Jee Woon, l'un des réalisateurs les plus marquants des années 2000 en Corée, The Quiet Family propose une comédie noire se situant dans un manoir de montagne, dans laquelle une famille venant d'ouvrir son auberge, qui ne connaît aucun succès, va se retrouver avec un premier client qui va se suicider une fois dans sa chambre, la famille va alors se retrouver avec une hécatombe de clients de plus en plus nombreux, mourant presque tous un à un dans des situations aussi fortuites que grotesques.


On retrouve dans ce premier film, le thème que l'on retrouve dans tous les autres films de Kim Jee Woon (ceux que j'ai pu voir du moins), à savoir un ou des personnages, se retrouvant malgré eux dans une situation qui les dépasse complètement, et de laquelle ils vont tenter de retrouver un peu de contrôle, ou d'en réchapper. Ici une famille à la base innocente, va se retrouver complice et même elle même meurtrière, dans un engrenage qu'elle ne semble pouvoir démêler jusqu'à un point final, ou toute approche de client deviendra pour elle un signe de danger, les évitant la ou au début elle faisait tout pour les attirer.


Le ton de la comédie noire est très bien choisi, comme dans de nombreux films à base horrifique, comme (on peut penser, au hasard à Shining, Scream, les exemples ne manquent pas..), l'action se situe autour d'une maison/manoir, mais le caractère maladroits et malchanceux des morts rendra le tout vraiment drôle, et se plaît à suivre cette famille dans un calvaire qui ne semble jamais s'arrêter, le film n'y mettant d'ailleurs intentionnellement pas un terme. Ce qui fait que ce choix de tonalité est aussi réussi, c'est probablement les personnages de la famille, au nombre de 6, tous aussi réussi et surtout impactant les uns que les autres, avec pourtant un contexte famélique, Kim Jee Woon a un vrai talent pour rendre réels ses personnages et leur offrir une densité, ce qui résulte dans un très bon équilibre des forces, il n'est pas facile en effet d'avoir autant de personnages principaux, et encore les personnages secondaires je n'en parle pas.


Les dialogues sont mordants et les situations semblent fluides et ne tombent jamais un absurde trop fort, le film arrive donc à rester dans un bon entre deux, et ne passe pas dans la parodie complète, qui aurait pu être lourde dans la durée. On sent de plus une vrai maîtrise de Kim Jee Woon dans sa réalisation, qui montre les prémices de ses futurs scènes d'actions, avec une vrai fluidité avec laquelle la caméra utilise l'espace et circule dans celui ci pour suivre ses personnages, comme si nous étions nous, le spectateur, l'esprit qui regarde ces personnages dans leur misère et qui avions maudit ce manoir (d'ou les quelques regards caméras de l'une des filles de la famille ?). Il est d'ailleurs amusant de voir comment une famille qui semble au départ si dysfonctionnelle va se rapprocher et se souder au milieu de se désastre, qui va la consolider, à mesure que leur situation empire et que les corps s'accumulent dans le terrain familial.


L'esthétique volontairement un peu salie et ancienne de l'image rajoute à un côté maladroit de la famille, et si cela paraît au début du film un peu superficiel, cela colle bien à l'ambiance voulue par le réalisateur, l'objet filmique lui même est en décalage avec son temps, sans réelle raison valable, tout comme cette situation qui semble improbable.


On prendra donc un vrai plaisir à suivre ces personnages dans cette histoire et cet environnement attachant, emmenés par de très bonnes performances d'acteurs, on pensera principalement à Choi Min Sik qui offre un registre humoristique dans un rôle d'homme un peu benêt, différent de ces rôles les plus marquants des années qui suivent (Old Boy en tête), et un Song Kang Ho déjà incroyable, j'ai d'ailleurs appris dans le Q&A d'après le film (dans le cadre du FFCP 2019), que ce dernier venait à la base du théâtre, cela explique sans doute son jeu très gestuel et expressif, et son aise à utiliser l'espace autour de lui.


Un premier film très réussi et qui porte déjà les codes du cinéma de l'auteur, qui est donc très intéressant à regarder pour commencer sa filmographie, ou justement pour la mettre en perspective. On peut presque y voir un anti Shining (multitude de personnages, action rythmée, manoir loin d'être isolé, légereté de ton, la famille se soude au lieu de s'éclater) dans presque tout ses aspects, même si le réalisateur ne reconnaît pas d'influence directe du film.

RaphaelMenudier
8
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le 7 nov. 2019

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