Le visionnage a été assez aigre-doux. J'étais évidemment heureux de trouver Buster Keaton dans le rôle qu'il avait il y a près de cent ans et de voir que même à 70 balais il le maîtrisait toujours autant, mais en même temps le film était carrément un peu nul. La faute, je suppose, à un savoir-faire cinématographique plus moderne qui n'a rien à voir avec celui de son époque.
Au final la sensation qui prime par-dessus tout c'est de regarder un monstre sacré du cinéma muet jouer pour des gens qui ne savent pas réaliser du muet : l'image est souvent maîtrisée, mais je comprendrai jamais pourquoi ils se sont sentis obligés d'ajouter des bruitages (procédé qui était déjà ringard chez Chaplin en 1916). Ce détail gênant vient gâcher une succession de gags tous plus ou moins drôles, en particulier celui de la malle de la machine, mais qui appartiennent quand même à une autre époque, et qui détonnent méchamment avec les techniques de 1965.
Mais après tout, c'est quand même le dernier film avec Buster Keaton dans son propre rôle et qu'il tient à merveille ! Il est encore à faire des cascades dans la dernière année de sa vie que je ne pourrai probablement pas me risquer à faire au même âge et d'assister à ses dernières acrobaties a un goût de chant du cygne un peu amer, mais touchant. On peut voir ce Railrodder comme une tentative d'hommage à son travail et à la trace qu'il a laissée dans le monde du cinéma.
The Railrodder n'est pas mal, il est juste sorti avec quarante ans de retard, mais je lui en voudrai pas d'avoir voulu faire briller une dernière fois pareille étoile.