David Michôd, cinéaste australien sorti de nulle part en 2010 avec son excellent Animal Kingdom, une chronique familiale sur fond de tragédie grecque incroyablement bien maîtrisé et puissante, et j'attendais avec impatience qu'il confirme son talent et c'est chose faite avec cette claque qu'est The Rover. Sans doute un des films que j'attendais le plus cette année qui promettais d’être un subtil mélange entre Mad Max et La Route mais qui est finalement bien plus que ça, c'est une oeuvre qui surpasse son genre pour élever les films post-apocalyptique vers des sommets qui n'avait encore jamais été atteint. Ici Michôd explore ses obsessions et ses thèmes déjà perçu dans son premier film à savoir l'animosité de l'Homme, ce qu'il est capable de faire pour survivre et défendre ce qui lui appartient et le contexte futuriste du film ce prête encore plus à cette étude de comportement. Le personnage principal taiseux et solitaire est clairement l'animal féroce qui refuse de lâcher son os et qui est près à brûler le monde pour récupéré ce qui lui appartient, et dans un monde sans foi ni loi il à tout le loisir de laisser parler sa barbarie. Au début il est peu attachant mais au fur et à mesure que le récit suit sa route on comprend le personnage et on commence à voir l'homme derrière la bête. D'ailleurs chaque personnages masculins sera une représentation animale, violente et stupide, et seul les femmes sembleront avoir encore un peu de bon sens. Le scénario dans sa globalité est une succession de bonnes idées que ce soit la trame épuré et d'une simplicité déstabilisante qui permet d'aller à l'essentiel en mettant en avant la stupidité de l'espèce humaine, la brutalité du monde et le désespoir dans sa forme la plus brute ou encore ce monde dystopique qui n'est jamais explicité, c'est le spectateur qui devra faire des déductions pour comprendre comment à évoluer le monde. Elles peuvent ce faire d'ailleurs grâce à des dialogues rares mais brillants qui joue sur les non-dits et qui sans l'air de rien en disent plus que de longs discours ou encore par quelques plans iconiques qui illustre la façon dont tourne désormais le monde ( le train avec les caractères chinois ). Sinon les personnages sont incroyablement bien écrits et marquants, même le plus petit rôle du film à une personnalité qui lui est propre et chaque personnes croisées reste gravé dans la mémoire du spectateur et aucune des morts n'est anodine quelle soit filmés hors champs ou pas. La relation entre les deux personnages principaux est aussi très bien géré et touchante, elle ne parait jamais forcé et le lien qui ce crée entre eux semble vraiment authentique. Mais si on croit vraiment à l'univers c'est aussi grâce à cette absence totale de clichés et de manichéisme ainsi que part cette humanité latente qui traverse le récit car dans un monde brutale et désespéré c'est véritablement un quête d'humanité qui nous est livré une des plus belles et des plus mélancoliques. En ça la fin sera vraiment brillante, que ce soit la confrontation finale ou la révélation de ce que contient la voiture, ce sera cohérent avec l'ensemble tout en y faisant prendre un sens car certains indices avait été parsemé au cours du récit. Mais il est néanmoins impossible de prévoir ce qui se trouve dans la voiture ce qui fait que le choc en sera doutant plus fort et cette fin culotté est vraiment magistrale et risque de me hanté encore longtemps pour ce puissant message d'humanité qu'elle dégage. Mais la puissance du film viendra aussi de ses acteurs et de sa réalisation. D'abord les acteurs sont tous excellent mais la vraie surprise restera Robert Pattinson en attardé mental qui change de registre et s'impose clairement comme un très bon acteur et l'orientation que prend sa carrière s'annonce prometteuse car ici il est vraiment bluffant même si il n'éclipse jamais la performance titanesque de Guy Pearce qui lui est parfait, il en impose à chaque plans et c'est clairement un des meilleurs acteurs actuel mais qui est malheureusement peu reconnu. Sinon la réalisation est sublime avec une photographie magnifique et une bande sonore saisissante qui rend les éclats de violence encore plus percutants avec un travail impressionnant sur l'intensité des coups de feu qui nous prennent à chaque fois aux tripes pour accentuer le coté âpre des scènes. Et même si le tout joue sur les silences, les musiques qui sont viscérales et hypnotiques sont juste parfaite et magnifie l'ensemble. D'ailleurs l'utilisation d'une musique en totale opposition avec l'ambiance générale vient créer une rupture de ton bienvenu qui prête à sourire lors d'une scène avant la fin et il faut aussi noté un sens de l'ironie assez appréciable dans le film. Ensuite la mise en scène de David Michôd est comme le reste c'est à dire parfaite. Les plans sont longs, la violence est filmé de manière frontale et il se fixe sur le visage de ses personnages, il scrute chaque réactions, chaque lueurs dans le regard, il semble fasciné par eux et paradoxalement il nous fascine aussi. Le rythme est donc lent mais jamais ennuyeux mais il est clair que le film est adressé à un public averti car c'est un film exigeant qui demande une immersion totale. En conclusion The Rover est une oeuvre intelligente et viscérale qui m'a tellement captivé quelle m'a semblé parfaite, l'amour est aveugle et je suis tombé amoureux de ce film qui non seulement est une grosse claque mais aussi une grande leçon de cinéma et d'humanité qui trouve son message dans le désespoir et la brutalité. L'Homme est un animal comme un autre, un être de violence et de sensibilité et The Rover, la parfaite représentation de cet état de fait, est un véritable chef d'oeuvre.
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