Quelque part dans un lointain présent post-apocalyptique, il y a un homme qui travaille dans une mine de sel. Le lieu est vaste, froid et tourmenté par les vents. Ici, il n'y a personne à qui parler. L'homme a une petite fille de six ans mais elle est effrayée par son père, rendu spectral par l'épuisement et la blancheur du sel. Elle s'enfuit quand son père approche, préférant jouer seule et en silence.
Il n'y a personne à qui parler.
Alors l'homme lit. Des livres de psychologie qui expliquent comment se débarrasser de la douleur, mais il n'y parvient pas.
Alors l'homme créé. Des pluies de couleurs, pour combattre cette obsédante blancheur. Il est un artiste reconnu, dans les pays occidentaux. Il reçoit des prix, découpe les articles qui parlent de lui. Mais tout cela ne lui sert à rien. Il continue à porter des sacs de sel, à s'épuiser, à perdre sa fille.
Alors l'homme travaille.
Il y a une centrale nucléaire tout près d'ici. Sans doute est-ce la clé. Elle a emporté le monde et en a fait un océan de larmes sèches. Et où il n'y a personne, aucun putain d'être humain à qui parler.
A quoi sert mon art dans une telle situation ? Je ne suis plus qu'un écho, une réverbération qui s'éteint déjà entre les dunes. Mon seul espoir, un lointain futur où des hommes retrouveront ma trace.
Un trophée dérisoire, modestement enterré, qui dira que j'ai vécu.