Comment je me suis initié à ma vie sexuelle
C'est bien dans ce qu'annonce son titre que le film donne le meilleur. En effet les sessions en question, qui sont des séances d'initiation et de thérapie sexuelle suivies par un homme atteint de polio qui veut perdre son pucelage et connaitre le plaisir physique, permettent au réalisateur d'aborder avec crudité et frontalité un sujet éminemment tabou. L'humour et la franchise sont salvateurs, empêchant le film de verser dans les effusions et le sentimentalisme facile - ce qui n'est pas toujours évité. Les épisodes récurrents de confession auprès d'un prêtre particulièrement ouvert d'esprit sont certes sympathiques mais n'apportent pas grand-chose. Ce qui est vraiment intéressant, et pour la plupart des spectateurs la découverte d'une méthode inconnue, c'est la manière pour cette thérapeute délicate et élégante d'aborder son patient, de le mettre en confiance en le considérant comme une personne ordinaire, tout en contournant les obstacles physiologiques et psychiques. Il n'y a pas forcément loin entre les doutes et les angoisses d'un homme privé de toute mobilité et d'un quelconque adolescent. En ce sens, Ben Lewin parvient en quelque sorte à banaliser son héros tout en ne minimisant jamais son handicap. Il nous fait complices et admiratifs, jamais voyeurs et gênés. Un traitement donc incisif, direct et caustique qui ne tient pas complètement la distance pour aller vers une issue qui ne tient certes pas du happy end, mais véhicule pour le coup une cargaison de grands sentiments et de défense de certaines valeurs. Un choix qui rapetisse le propos en lui retirant peu à peu l'originalité et l'audace qui en faisaient la force et la singularité.