Je ne connais pas vraiment le matériau d'origine de ce "Shadow". Je sais que c'est un héros de roman "pulp" des années 30 et aussi en comics probablement pionnier dans le genre héros torturé à l'intérieur de lui dans l'ombre qui essaie de faire le bien mais qui n'arrive pas à être heureux (oui, c'est toi que je regarde Batman).
Cela ne m'empêche pas d'apprécier grandement cette petite série B fort agréable, qui joue à fond la carte retro et premier degré.
Lamont Cranston (Alec Baldwin quand il était encore un gros canon) est un playboy new yorkais, neveu du chef de la police au passé très très sombre. En effet, il était une sorte de baron de la drogue en Asie et a été choisi par ce qui semble être le Golden Child de l'époque pour être un héros qui se sert des ombres pour faire le bien.
Notez bien que le Golden Child en question fait un gros gros pari sur ce coup là car rien ne dit que Lamont va prendre le pli. Et sans le montage sur l'entrainement devenu obligatoire (et qui ne manque pas finalement) Lamont se retrouve quelques années plus tard à terroriser la pègre de New York tout en manipulant son oncle pour que l'existence de "The Shadow" ne soit pas confirmée.
Il rencontre comme de juste une charmante jeune femme (Penelope Ann Miller) dont le père est un professeur nimbus qui développe le Manhattan Project 10 ans trop tôt. Quand le descendant de Gengis Khan (ne riez pas, c'est vrai) arrive en sarcophage (ne posez pas de question), The Shadow doit déjouer son plan de destruction massive tout en évitant la charmante Margo Lane dont les dons psychiques ne lui facilitent pas la vie.
Voilà un héros kitch, aux pouvoirs kitch, à l'ennemi kitchissime, à la fiancée kitch dans un film kitch.
C'est charmant et léger, sans prétention, agréable et distrayant.
Les décors et les costumes sont parfaitement dans l'époque et quand la relation entre Lamont et Margo tourne à la screwball comedy, le ton, la vivacité, les répliques sont impeccables.
Alec Baldwin se tire mieux des moments de légèreté que des moments plus en tension, mais un peu de surjeu ne fait pas de mal ici, au contraire de Penelope Ann Miller qui rayonne en héroïne des années 30 à la fois légèrement chtarb et déterminée.
N'oublions pas Tim Curry, toujours dans le taré psychopathe qu'il affectionne et maîtrise à la perfection, il rajoute ici un niveau de veulerie assez jouissif.
Mais le gros point positif du tout c'est John Lone en descendant de Gengis Khan, lui aussi maître des ombres, au plan foireux, aux alliés douteux et à la mauvaise habitude de trop parler. Il crée un personnage d'une telle démesure et d'un tel ridicule que ça en frôle le génie. Voilà un méchant qui n'a pas froid aux yeux et un acteur qui donne tout ce qu'il a jusqu'au dernier tour de manivelle.
"The Shadow" fait partir d'une petite minorité de films réussis d'oeuvres populaires adaptés dans leur époque d'origine comme "The Rocketeer" ou "Dick Tracy" et qui gère sa transition de médium grâce à des qualités certaines de production et de réalisation et surtout une certaine forme d'innocence.