Il y en a déjà eu des variations sur les zombies, qu'il convient alors d'appeler "infectés"... La recette est à peu près toujours la même: les contaminés deviennent agressifs, violents, meurtriers, et ce, de façon irrésistible, comme on peut le voir dans "28 jours plus tard" ou "the crazies". Le thème de la folie est alors exploré sous l'angle de la batte de base-ball et du marteau qui s'écrasent lourdement sur de pauvres têtes humaines qui ont tendance à exploser au moment de l'impact. Marrant à regarder mais on avouera que, d'un point de vue scénaristique, ça ne vole pas bien haut: on reste dans le domaine du prétexte sans explorer plus avant le phénomène du pétage de plomb. The signal commence de la même façon. Mais très vite, on découvre quelque chose de totalement différent.

Déjà, le vecteur de la démence est un signal émis par les appareils électroniques et qui vient gravement perturber la faculté de pensée. A contre-pied d'un virus, à l'effet homogène et irrépressible, le signal s'attaque donc directement à la psychologie des personnages, comme on l'apprend dans une scène clé au début du film. Il est vrai que la plupart des gens ayant regardé ou entendu le signal s'entretuent, mais ils n'y sont pas absolument contraints: le libre arbitre demeure dans l'univers de "The Signal" et c'est là son trait de génie. L'âme humaine y est directement mise à nu, laisse libre cours aux obsessions, aux pulsions et à l'inconscient des personnages. Chacun exprime donc ce qui se terre au plus profond de lui, d'une manière souvent originale qui donne toute sa richesse au film, et il se trouve que ce n'est pas toujours de la violence à l'état brute.

L'un des héros, Ben, a ainsi une réponse très spirituelle vis-à-vis du mystérieux message du signal et décide de s'en servir pour sauver la femme qu'il aime, Mya, sa maitresse. Celle-ci devient en quelque sorte le Graal du film, la lumière du héros qui lui permet de combattre les pulsions de meurtre enfouies, il est vrai, en chaque être humain, mais qui ne sont pas la seule réponse possible à l'effondrement de toutes les conventions sociales. Comme en reflet au personnage de Ben, Lewis, l'époux légitime de Mya, cède à ses faiblesses de mari frustré déjà présentes avant l'intervention du signal. Ce dernier ne fait donc que exacerber la folie latente du personnage. La logique de ce processus peut-être suivie pas à pas puisque le scénario nous fait régulièrement plonger dans l'esprit de Lewis, jusqu'à en faire l'un des meilleurs "méchants" du cinéma d'horreur.

Les trois parties du film, réalisées par trois metteurs en scène, ont su éviter avec brio le piège de la coupure de ton trop brusque et du manque d'homogénéité. Certes, la première partie se concentre sur l'horreur, la seconde sur l'humour et la troisième sur un trip hallucinatoire. Pourtant, ces trois composantes sont présentes dans chaque partie; c'est seulement le dosage qui diffère. Aucun des réalisateurs ne cherche à s'enfermer dans sa bulle et à faire exister sa propre vision de l'histoire au dépend de celle des autres: les renvois, flashbacks et interpénétration de sens sont constantes dans The signal, offrant un déroulement non linéaire et aux multiples niveaux de lecture. Je pourrais encore parler longtemps de cette oeuvre, tant celle-ci m'aura donné mon plus grand choc en matière de cinéma d'horreur de ces dernières années. Dommage qu'une baisse de rythme au milieu du film, lors de la partie axée "comédie noire", vient légèrement contrarier mon enthousiasme en étouffant l'intrigue pendant quelques minutes.

Le résultat, surtout au vu du budget ridicule, n'en fait pas moins l'un des meilleurs films de genre de ce début de XXIème siècle. A voir absolument. Ha oui, et le plan final est d'une beauté et d'un impact stupéfiants, en toute simplicité.
Amrit
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le 19 sept. 2011

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Amrit

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