Nous sommes en 2014, et après avoir livré en 2013 le sombre drame Normal, Richard Griffin s’allie avec le scénariste Michael Varrati (avec qui il retravaillera en 2015 pour Flesh for the Inferno) pour livrer un film de vampires, The Sins of Dracula donc ! Une nouvelle fois filmé à Rhode Island, pour 20 000 dollars, tourné en 9 jours seulement après deux jours de répétitions, toujours avec Sarah Nicklin et Michael Thurber au casting. On ne change pas une équipe qui gagne donc. Et donc après Normal qui était sombre et sérieux, un film ici beaucoup plus fun. Car soyons clairs, pour moi, The Sins of Dracula est une comédie, une comédie qui s’amuse des sujets qu’il aborde. Oui bien entendu, il y a le vampirisme, même si Dracula n’entre pas immédiatement en scène, mais surtout, oh oui surtout, il y a l’image de la religion. Richard Griffin s’en était déjà amusé en 2008 sur Nun of That, et il continue ce coup-ci, aidé par le scénario de Varrati. Notre personnage principal, Billy, est un homme de foi, et donc forcément, quand il décide de s’ouvrir au monde et de rejoindre la troupe de théâtre où sa petite amie travaille déjà, ça fait des étincelles. Oui, dans cette troupe, il y a forcément un gay, un drogué, une gameuse, un fana de musique qui a décidé de changer son nom par NuWave…
Mais ce que toute cette bande que Billy va avoir du mal à accepter au début ignore, c’est que le chef de la bande essaye de faire revenir Dracula à la vie. Alors soyons clair, ce qui veulent voir Dracula en permanence à l’écran, et ont une image de séducteur du vampire seront déçus, clairement. On citera plus dans les inspirations du réalisateur Une Messe pour Dracula, le film de la Hammer (un des films de vampires qu’il préfère). Car ici aussi il est question d’un rituel pour ramener le vampire à la vie. Une fois Dracula enfin là, celui-ci ne parlera pas, ramenant l’image du vampire à celle de Dracula Prince des Ténèbres. Et qui de mieux pour jouer Dracula que Michael Thurber ? Malgré son mutisme, il livre une prestation convaincante du prince de la nuit. Et comme le tout baigne dans une ambiance très années 70 (voir 80 par moment). En ce sens l’esthétique est fort réussie d’ailleurs. Le réalisateur utilise les codes de cette époque sans pour autant y aller à fond comme pour The Disco Exorcist (pas de rayures sur l’image, pas de bobines manquantes). Mais au final, la grande force du métrage, faisant ressortir l’humour noir et les situations comiques, ce sera son casting.
Un casting d’habitué comme dit plus haut. Car si Michael Thurber livre un Dracula mutique et convaincant, la palme revient sans nul doute au couple du film, Jamie Dufault et Sarah Nicklin. La découverte de ce nouvel univers pour Billy (Jamie Dufault) fonctionne vraiment bien, et arrivé à une scène (qui n’était pas dans les premières versions du scénario) où il parlera à Dieu, le couple prend un virage et devient alors, outre l’aspect comique certains, attachant. L’alchimie entre les deux acteurs fonctionne et rend leurs scènes, même les plus anodines, réussies. Bien entendu, avec un tel titre, le film n’hésite pas pour autant à retourner quand il le faut à quelques scènes bien vampiriques, avec dents longues, pieu dans le cœur, décapitation, le tout sous un éclairage coloré rappelant la belle époque. Sans pour autant délaisser l’humour noir du métrage, parfaitement dosé. Bien entendu, les réfractaires des petits films tournés avec des bouts de ficelles (mais beaucoup d’amour) auront beaucoup de mal à adhérer à l’œuvre. Pour les autres, les habitués, et ceux qui apprécient ce retour à l’ambiance des années 60/70/80, The Sins of Dracula sera une bonne pioche, ils passeront un agréable moment.