Massacre générique
Il est rare que je n'aime pas les films considérés comme de grands classiques, mais pour le coup je n'arrive pas à me résoudre à mettre une bonne note à La nuit des masques. On me préviens dans...
Par
le 13 août 2016
29 j'aime
12
宋家皇朝 The Soong Sisters (je ne comprends pas pourquoi le caractère 宋 Song est transcrit ici Soong, ça n'a aucun sens, mais bon), est le premier film de 張婉婷 Mabel Cheung que j'ai l'occasion de découvrir, et cela pique tout de même un peu ma curiosité concernant les films de cette réalisatrice. C'est également un portrait de femmes dont je dois avouer que j'ignorais quasiment tout et qui pourtant ont été particulièrement importante dans l'histoire de la Chine au XXᵉ siècle. Toutes les trois ont été femmes d'hommes importants dans l'histoire de la Chine. Évidemment, 宋慶齡 Song Qingling se démarque des deux autres, car du fait de sa différence d'âge avec l'homme qu'elle épouse, il meurt bien avant elle. Des trois sœurs, c'est ainsi elle qui pourra le plus s'affirmer seule. Ainsi Song Qingling, connue alors comme 孙夫人 Madame Sun, va devenir un symbole politique de l'héritage de la légende de son mari, image qu'elle va utiliser politiquement. Cela fait donc plaisir de voir 张曼玉 Maggie Cheung interpréter avec brio ce rôle de femme moderne et devenant de fait indépendante, faisant écho à de nombreux autres rôles qu'elle a pu avoir auparavant dans sa carrière.
En regardant ce film, j'avais peur d'un biopic « Wikipédia » mais ça, c'est parce que j'ai encore des souvenirs traumatiques du film 1911, sur la révolution Chinoise mettant fin à la dynastie Qing qui reprenait bien platement les pires codes des biopics Américains, en forçant pour faire le film le plus lisse possible politiquement ainsi que donner un bon rôle au PCC quand bien même le PCC n'existait pas encore à l'époque. Cependant, Mabel Cheung ne tombe pas là-dedans, et joue assez bien, dans sa mise en scène, de mises en parallèles des différentes vies des trois sœurs (enfin surtout de l'antagonisme entre Song Qingling et les deux autres).
Par ailleurs, il y a de l'ambition, parfois maladroite, mais tout de même, d'essayer d'en faire une fresque un peu imposante. Après tout, il y a matière, ces femmes ont été actrice d'évolutions majeure en Chine.
Toutefois, il y a un semblant de réconciliation vraiment très forcé dans la manière dont elle est montrée, à la fin du film, à l'occasion de l'alliance de 1936 entre communistes et nationalistes contre les Japonais, d'autant plus que dans les faits cette alliance déjà très fragile se fracture très vite (dès 1941 avec l'incident de la quatrième armée). C'est d'autant plus étrange que le film montre bien que les trois Sœurs se séparent à la suite de la seconde guerre mondiale. De plus, par la suite, leurs destins semblent tout aussi intéressants et dans la continuité de leur destin avant-guerre, surtout concernant Song Qingling dont l'engagement et la fonction honorifique dans la Chine Communiste a permis de légitimer le discours du PCC comme véritable successeur de 孫逸仙 Sun Yatsen. Mais Mabel Cheung n'en fait rien si ce n'est un petit carton en fin de film. Par contre, il y a un travail appréciable sur les dialogues pour faire ressentir le poids de l'histoire et l'envie de ces femmes de peser sur celui-ci malgré les contraintes qu'elles subissent en tant que femmes dans la société Chinoise.
« - Si Monsieur Sun n'était pas décédé si tôt, l'histoire de Chine aurait-elle pu être différente ?
- Si ? Dans l'histoire, il n'y a pas de si ».
Par ailleurs, la question de l'instrumentalisation de la figure de Sun Yatsen et de la légende qu'est devenue Madame Sun a certes quelques moments forts où elle est bien traitée, mais trop souvent cela reste (comme son opposition avec 蒋介石 Chiang Kaichek) quelque chose d'un peu simpliste et pas approfondi à sa juste valeur (notamment, car toute la période Communiste n'est pas abordée). Après son statut de coproduction Chinoise explique peut-être, au moins en partie, l'après-guerre inabordable à sa juste valeur ainsi que les aspects simplistes de l'opposition Chiang Kaichek-Song Qingling (je suis un peu dur sur ce point, mais face à un sujet si riche, les limites de son traitement par le film me déçoivent un peu).
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Pépites d'Asie et d'ailleurs trop peu connues et méritant le coup d’œil, 东游记 Mes pérégrinations vers l'est, au cœur des cinémas Hongkongais et Chinois, La divine 張曼玉 (Cheung Manyuk/Maggie/Zhāng Mànyù) du film le + envoûtant au + pardonnable et 2022 et je fais toujours des listes avec mes découvertes cinématographiques
Créée
le 3 mai 2022
Critique lue 106 fois
1 j'aime
Du même critique
Il est rare que je n'aime pas les films considérés comme de grands classiques, mais pour le coup je n'arrive pas à me résoudre à mettre une bonne note à La nuit des masques. On me préviens dans...
Par
le 13 août 2016
29 j'aime
12
Dans cette bafouille, je vais clairement tirer sur l'ambulance car à mon avis ce film ne mérite que cela, mais avec quelques limites tout de même. Je ne vais par exemple pas m'attaquer au...
Par
le 6 sept. 2020
27 j'aime
3
Arriver à Perpignan début juillet, assez souvent, c'est comme rentrer dans un four en mode cuisson instantanée. On se met à chercher des endroits qui permettent d'échapper à l'état de poulet rôti ou...
Par
le 5 juil. 2016
16 j'aime
13