Depuis l’avènement international du cinéma coréen, peu avare en pépites, le spectateur occidental s’est habitué à sa durée, et ne s’étonne plus de voir ses films flirter généreusement avec les 2h20 ou 30. Récits au long cours, sens de la lenteur et patience construisent une progression souvent justifiée, un autre sens de la dynamique fondée sur une densité prenante.
C’est le parti pris par ce Spy Gone North, récit d’espionnage qui évoque les relations tendues entre les deux Corée et le fameux dispositif nucléaire de la dictature du Nord, et un scandale d’Etat visant à influer sur les élections du Sud.
La maîtrise est évidente, la mise en scène classieuse, l’esthétique léchée et la tenue générale du scénario assez bien menée, notamment dans sa façon d’imbriquer les questions géopolitiques entre les deux Corée.
Mais on a tout de même du mal à légitimer la longueur du film. (Il faut aussi reconnaître que voir ce film -Hors Compétition – à Cannes au milieu de trois autres dans la même journée ne lui rend sûrement pas service). Les dialogues sont assez interminables, et ponctuent de manière assez mécanique des scènes de tension qui accumulent les effets aboutissant à chaque fois sur une pirouette permettant au héros de continuer sa route, et de relancer une demi-heure de dialogues.
L’ajout d’une voix off sur-explicite lourdement le tout, et les choix de mise en scènes ne sont pas toujours très subtils, notamment par ces gros plans surlignés au marqueur ou ce recours à la caméra à l’épaule à la façon d’un Paul Greengrass pour surligner l’action sur le terrain.
Bref : une critique courte sur un film trop long, dont le potentiel était assez évident, mais qui finit par s’embourber sous l’effet d’automatismes d’écriture dispensables.