Christian est conservateur d'un musée d'art contemporain, il prépare une prochaine exposition intitulée “The Square”. Cette œuvre est un carré de 4 mètres sur 4 entouré de lignes blanches à l'intérieur duquel les individus se doivent entraide et solidarité. Parallèlement à cette intrigue principale le personnage connaît d'autres mésaventures, il a une liaison avec une journaliste venue l'interviewer, il se fait voler son portable et son portefeuille et essaie de se rendre justice lui-même. De ces histoires le cinéaste tente de tirer une fable, critique politique et sociale de notre monde contemporain, mais ça ne fonctionne pas complétement. La partie comédie de moeurs avec la journaliste américaine (Elisabeth Moss, excellente) est bonne, la scène de l'interview, celle où ils font l'amour et la scène d'explication dans le musée sont drôles, mais on se demande ce qu'elles viennent faire dans ce récit, tout comme le chimpanzé qui partage l'appartement de la journaliste. La partie polar social avec le vol du portefeuille et du téléphone portable irrigue tout le film, elle tient en haleine mais a du mal à faire corps avec les autres parties du film. Et elle se termine hélas par une scène d'auto flagellation ridicule et démonstrative au téléphone qui voit Christian s'excuser des torts qu’il a causé. Ce film alterne donc le bon et le moins bon. La scène du vol du portable et portefeuille au début du film est intrigante, on se demande si c'est la réalité ou happening. La scène de la performance lors d'une soirée de gala au musée (affiche du film) est puissante et met mal à l’aise, mais elle arrive de manière inattendu et sans cohérence avec le reste du film. On ne sait pas pourquoi il y a un diner à ce moment là et la performance semble sans lien avec l’oeuvre présentée au musée, les artistes sont différents. La conclusion de celle-ci avec le simulacre de viol et lynchage du coupable n'est pas concluante…
Pour le moins bon, le mea-culpa téléphonique de Christian qui s'excuse de s'être fait justice lui-même, on l'a dit frise le ridicule et charrie tous les poncifs, préjugés contre les banlieues, richesse mondiale détenue par quelques uns. Tout comme la scène ou en visitant l’exposition, il explique à ses filles sur l'air du c'était mieux avant que leur grand-père, quand il était enfant se promener seul dans Copenhague avec un panneau autour du cou indiquant son nom et son adresse, car à cette époque-là on pouvait se fier aux adultes. C'est un peu vite oublié qu'à cette époque les enfants trimer dès l'âge de 12 ou 14 ans dans les usines ou au champs et servez de chair à canon lorsqu'ils étaient à peine plus âgés. C'est aussi oublié que Fritz Lang avait réalisé M le maudit, et qu’une grande ville n’est jamais un lieu de promenade insouciant pour un jeune enfant quelque soit l’époque.
En résumé, une intention, (la critique politique et sociale), plusieurs histoires qui ne font pas un récit commun, de très bonnes scènes et d'autres beaucoup plus faibles, tout ça a du mal à nous tenir en haleine pendant 2h20. On avait préféré Ruben Östlund quand il auscultait l’intime dans “Snow Therapy”. Faute d'aller au bout de ses ambitions The Square finit par tourner en rond.